lundi 28 septembre 2009

Délit de banderole

"Danger. Destruction du climat en vue". Ce message "éco-alarmiste" inscrit sur une immense banderole de 25 mètres sur 10 et accrochée à un pont de la ville américaine de Pittsburgh est à l'origine de l'arrestation de quatorze militants de l'organisation écologiste Greenpeace. Selon une porte-parole de la police, ces activistes "ont été inculpés de possession d'objets en vue de commettre un délit, de trouble de l'ordre public, de conspiration et d'obstruction". Cette simple banderole n'aurait pas constitué un objet de délits si elle n'avait pas été déployée à l'occasion du sommet du G 20 qui s'est tenu à Pittsburgh du 24 au 25 septembre derniers !

Une seule banderole peut-elle être coupable de toutes ces charges alors que, dans tout pays démocratique, le droit de manifester est un droit inaliénable, inscrit en toutes lettres dans les diverses constitutions ? Il est évident qu'en théorie, ou plus précisément en matière de droit humain et citoyen, la réponse est non. Dans la pratique, les différents gouvernements ont élaboré des tours de passe-passe législatifs pour contourner le respect des droits les plus élémentaires.

Parce que voilà, la réunion annuelle des 20 pays "rois du monde" est un événement de la plus haute importance qui ne souffre ni grippage, ni contestation car se négocie entre les élites politiques et économiques du monde le sort de milliards de personnes. Et ces mêmes personnes ne sont pas autorisées à manifester, car ce droit constitue de manière intrinsèque un véritable contre-pouvoir. Comment des pays démocratiques, comme la France ou les Etats-Unis peuvent-ils faire croire à leurs populations qu'elles décident de leur propre destin par le biais des élections, du référendum ou du droit de manifester et leur interdire de s'exprimer alors que leur sort, comme celui de la planète, est en train d'être scellé pour les années à venir ?

Moralité:les élections sont un remarquable artifice politique qui consiste à faire miroiter qu'une démocratie est, selon les mots d'Abraham Lincoln, "le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple" alors que concrètement .... une seule banderole peut envoyer des citoyens militants en prison.

dimanche 24 mai 2009

Putain encore 3 ans !

Deux ans... Et il en reste encore trois avant la prochaine élection ! Elu le 6 mai 2007 avec 53,1 % des voix, de récents sondages - le sondage TNS Sofres Logica - révèle qu'une large majorité de français, 65 % en fait, se déclarent déçus par la politique de Sarko. Mais pourquoi exaspère-t-il autant ? Chronique d'un bide annoncé.


- La fine équipe du Fouquet's. Le soir du 6 mai 2007, les Français découvrent l'univers de celui qui vient tout juste d'être élu président pour cinq ans. Au très "hors de prix" restaurant du Fouquet's, sur la plus célèbre avenue du monde, toute l'élite économique parisienne, entourée de stars du show bizz triées sur le volet, est réunie pour fêter la victoire de Nico. Tous sont des amis intimes du nouveau président de la République. Le "la" est donné : Sarko s'affiche sans complexe et sans retenue aux côtés des patrons du CAC 40, Bernard Arnault, Martin Bouygues (propriétaire de TF1 et parrain de son fils Louis), Serge Dassault, Vincent Bolloré, Antoine Bernheim, Jean-Claude Decaux, mais aussi avec les non moins riches mais quand même bien lotis Jean-Claude Darmon, Stéphane Courbit, Arthur.... L'équipe du Fouquet's, c'est non seulement une sorte de MEDEF entre amis, mais c'est aussi l'avènement d'une nouvelle ère inaugurée par le très courageux Nico qui, contrairement à ses prédécesseurs, n'a pas peur de choquer en étalant le luxe dans lequel il se vautre : désormais l'argent n'est plus tabou et la réussite s'affiche de manière ostentatoire. Bling-bling, bling-bling : c'est le bruit que fait le luxe façon Sarko. D'ailleurs aujourd'hui, le nouveau modèle de réussite sociale se résume à cette très regrettée, et regrettable, maladresse de l'ancien sherpa de la comm' sous Mitterand et Jospin, Jacques Séguéla : "Si, à 50 ans, on n'a pas une Rolex, c'est qu'on a raté sa vie". Tout est dit.

- A peine installé à l'Elysée, Nico impose son rythme frénétique et soutenu : jogging le matin, réformes le reste de la journée, parfois même de la nuit. Réformer est le nouveau maître mot de la politique sarkoziste. Réforme de l'éducation nationale et de la justice en passant par la réforme du territoire, celle des institution ou encore de l'hôpital public. Aucun secteur n'échappe à cette tempête réformatrice. Ni les retraites, ni la fiscalité, ni les banlieues, ni... ni... Les réformes s'enchaînent les unes après les autres, sans répit. Il faut moderniser les politiques publiques, réduire le déficit budgétaire, celui de la sécu, réduire la délinquance et les impôts des plus riches. Tout changer, tout. Il nomme à tour de bras des commissions sur tous les sujets. Même la crise économique et financière, qui a mis les Etats-Unis à genoux, n'empêche pas Nico de poursuivre le train de ses réformes, sans réduire son train de vie. Il veut rentrer dans l'histoire comme le président du changement, comme l'a fait à une autre époque un certain Napoléon. "Le peuple français a choisi le changement. (...) Mais je le ferai avec tous les Français. Je le ferai dans un esprit d’union et de fraternité." (Heu, il a bien dit ça, en vrai !) Il fait tout ce que faisaient ses prédécesseurs, mais pas pareil. Le but : donner une version Sarkozy à la France. Au défilé du 14 juillet 2007, il multiplie les ruptures avec les versions précédentes : il donne une coloration européenne au défilé militaire et prend un bain de foule, histoire de serrer quelques paluches, à la manière d'une rock star américaine. Plus tard, il participe au Tour de France, commente un match de l'équipe de France... Il est partout. Sur tous les fronts. Il donne le tournis. La crise nous a permis de respirer un peu : depuis la crise, il préfère envoyer ses ministres sur le front, en première ligne. Et tant pis s'il remonte un peu dans les sondages au détriment de Fillon, l'essentiel est de le voir un peu moins. Parce que Nico est un hyperprésident pour les uns, ou un omniprésident ou un monarque pour les autres. Bref, il est partout et ne délègue presque rien. Ah, on ne peut pas lui reprocher de faire semblant, ni de rien faire d'ailleurs. Ah ça, il nous l'a assez répété, devançant de loin nos propres commentaires. Même ça, il ne le délègue pas : " et après, on va me reprocher de ne pas l'avoir fait. Hein ?" Facile.

- Les vacances du président : luxe, polémique médiatique et volupté... Pour ses premières vacances de président, Nico se rend avec sa première Première dame, Cécilia, sur l'île de Malte sur le Yacht de Vincent Bolloré, avec Vincent Bolloré. Alors que certains y voient un moyen de partir en vacances sans mettre à contribution l'argent du contribuable - ouais bof, pas très républicain tout ça -, il faut plutôt considérer cela comme un conflit d'intérêts en puissance. Un président de la République ne peut pas profiter en toute amitié des avantages offerts par un grand industriel et patron de presse car il ne doit pas être redevable de qui que ce soit. C'est carrément contraire à l'éthique de la fonction. La polémique soulevée par les médias sur ces vacances présidentielles, et la consternation qu'elles ont suscité chez les Français, aurait dû inciter le président à plus de mesure. Que nenni ! Ce n'est pas dans le tempérament de Nico. Les dernières vacances du couple présidentiel, avec Carla cette fois, au Mexique en décembre 2008 sont d'autant plus "indécentes" qu'elles interviennent dans un contexte économique scélorosé. Prix du séjour : 50 000 euros, pour deux jours. L'Elysée rassure, version officielle : «Le président Sarkozy et son épouse ont été invités par le président mexicain», le contribuable français n'a donc pas payé les luxueuses vacances de son président. Ce qui a fait bondir l'opposition mexicaine qui demanda des comptes. Dans un communiqué, l'Etat mexicain s'empresse alors d'informer que le couple présidentiel français a en fait été gracieusement invité par le banquier milliardaire Roberto Hernandez Ramirez. Qui, soit dit en passant, est soupçonné de narcotrafic. Et l'Elysée de répondre : « Quand on vous fait un cadeau, vous ne demandez pas qui a payé pour vous ». Moi, peut-être, et encore, pas sûr ! Mais un président de la République en fonction, certainement pas. C'est quoi cet argumentaire ?

- Le candidat du "travailler plus pour gagner plus" et celui du "je serais le président du pouvoir d'achat" est devenu le président de la crise. Certes, il n'y est pour rien. Là, il faut avouer qu'il n'a pas de chance. La crise économique et financière s'est développée sous son quinquennat. Les scandales financiers se succèdent, les banques sont au bord de la faillite et le chômage explose. Rien que ça. En plus, il faut mettre la main au porte-monnaie et creuser encore plus les déficits. Alors que le gouvernement rechignait en 2007-2008 à mettre la main à la poche pour le RSA (environ un milliard d'euros) de Martin Hirsh, et à prendre des mesures visant à augmenter le pouvoir d'achat des français, notre très cher Nico déclarait en janvier 2008 : "Vous voulez que je vide des caisses qui sont déjà vides ? ". Bien sûr que non, monsieur le président. Mais lorsqu'il a fallut prêter aux banques et aux constructeurs automobiles, vous avez su où trouver l'argent. C'est pas pareil a-t-il rétorqué en substence à ses pourfendeurs. On avait bien compris... Bon, ben le gouvernement continue ses réformes, y compris celles qui dégomment les emplois de la fonction publique. Et la remise en question du bouclier fiscal ? Pas touche, la crise est passée par là pour grignoter le salaire des plus riches : il est inutile d'en rajouter une couche.

- La "Diplomatie du carnet de chèque", loin des promesses du candidat. "Je ne passerai jamais sous silence les atteintes aux droits de l'homme au nom de nos intérêts économiques. Je défendrai les droits de l'homme partout où ils sont méconnus ou menacés et je les mettrai au service de la défense des droits des femmes". Ces propos si touchants et honorables sont tenus par un preux candidat à la présidence partant en croisade pour le respect des droits de l'homme. Ces pieuses promesses qui s'échappent de sa bouche s'avèrent dès le début de son mandat très difficiles à appliquer. Le président libyen Muamar Khadafi ne veut pas en entendre parler ?! Mais bon, il est prêt à acheter des rafales, ces avions de chasse français dont aucun pays ne veut. Et il est même intéressé par l'achat de centrales nucléaires ! Quelle aubaine pour les affaires ! Et puisqu' il vient de relâcher les infirmières bulgares, c'est quand même une preuve de bonne foi "droit de l'hommiste". Et ce soit-disant communiste de HU Jintao, aussi borné que lui. Le leader chinois ne lâche rien sur le Tibet, pas mêmes quelques "sympathiques" négociations pour la cause des bonzes qui ne réclament, après tout, qu'une petite autonomie. Et ne parlons pas des atteintes aux droits de l'homme qui sont récurrentes dans ce pays. Mais bon, on va quand même pas se mettre à dos 1,3 milliards de chinois ! ... qui constituent quand même le marché le plus gigantesque du monde. Pas question donc de mettre en péril nos intérêts économiques. Après avoir menacé de boycotter la cérémonie d'ouverture des J.O - menace que personne n'a entendue et que les chinois n'ont même pas prise au sérieux (il a suffit que Carrefour soit boycotté en Chine pour que Sarkozy oublie ses paroles) - le président français a préféré ignorer le Dalaï- lama. Et lui a envoyé sa femme. C'est la nouvelle version de la diplomatie sarkoziste qui s'est substituée au principe sacré des droits de l'homme.

- C'est le roi de la bourde : le discours de Dakar est un des tous premiers bijoux du style sarkoziste. A des propos indignes d'un président, "ce sont des Africains qui ont vendu d'autres Africains" (sous-entendons : le blanc n'a strictement rien avoir avec cet odieux trafic), succèdent des inepties telle que "le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire"(sous-entendons : ??????), des contre-vérités (en gros la colonisation n'a aucune responsabilité dans la situation actuelle de l'Afrique) ou alors des propos imbibés de mauvaise foi : " Et la France n’oublie pas ce sang africain versé pour sa liberté" (enfin, c'est très très récent et il a fallu la forcer). Sans oublier les autres figures de style simplettes que Sarkozy affectionne : "l’homme africain est aussi logique et raisonnable que l’homme européen" (Ah bon ! Nous, les Français, pensions le contraire en bons racistes que nous sommes. Et nous tombons des nues ! On ne savait pas que l'Africain possédait les mêmes capacités intellectuelles que l'européen). "Je suis venu vous dire que vous n’avez pas à avoir honte des valeurs de la civilisation africaine" (bon sans commentaire. Où est le sac à vomi ?). Et j'en passe. Il y en a pleins d'autres là, si si.
Une autre bourde assez monumentale, genre toute-la-france-est-au-courant-!-c'est-LA-bourde-à-ne-pas-faire-quand-on-est-président, mais celle là, personne ne l'a raté tant elle est indigne du président de tous les Français : le fameux "casse toi alors pauv'con". Au salon de l'agriculture en 2008, un homme refusant de lui serrer la main de peur d'être sali, c'est vu insulter par son altesse serenissime qui ne supporte pas le rejet, la contradiction.... Au Guilvinec, le président réagit à une insulte proférée par un marin très très en colère. Bon insulter le président d' "enculé", c'est assez déplacé et couillu. Même si ce dernier vient d'augmenter son propre salaire de 140 % (pour s'aligner sur les salaires de ses homologues européens) et le budget de l'Elysées de quelques millions d'euros. Et qu'il exige des économies des Français et remet en question les acquis sociaux trop coûteux. Mais de là à alpaguer ce pêcheur avec son "ben descend un peu le dire, descend un peu, si tu crois, si tu tu tu..." (sic) (sous entendu : mes gorilles vont te régler ton compte). 1 : On attend de la réserve et du sang-froid de la part d'un président. 2. Un président n'est pas un cow-boy, même si c'est un fervent admirateur de la "culture" américaine. Il y en a plein d'autres... si si.

- La justice, un des chevaux de bataille du président. C'est un bien vaste chantier qu'a entrepris Nico, et qui lui a valu quelques altercations avec les principaux acteurs de la justice. D'abord, il nomme Rachida Dati garde des Sceaux, qui rapidement s'avère être une ministre inflexible et peu portée au dialogue. La réforme de la carte judiciaire soulève un véritable tollé. D'abord parce que la justice manque déjà cruellement de moyens et que la fermeture de 178 tribunaux d'instance et 23 tribunaux de grande instance n'augure pas d'une amélioration de la justice rendue, déjà très longue dans certaines partie de la France. Et que la politique ultra-répressive de Nico dite de "tolérance zéro" remplit considérablement des prisons déjà bien pleines. Conséquences de la surpopulation carcérale : les conditions de détention dans les prisons françaises se sont aggravées de façon dramatique, ce qui a valu à la France d'être pointée du doigt à plusieurs reprises. Le baromètre de cette situation honteuse est l'augmentation sensible du nombre de suicides dans les prisons (115 décès en 2008). Un récent rapport effectué par un médecin, Louis Albrand, aurait même été manipulé par les autorités de manière à amoindrir le rapport entre conditions de détention désastreuses et suicide...
La seconde réforme judiciaire à créer la polémique est le disparition du juge d'instruction. Cette réforme ne va pas vraiment bouleverser les Français car elle ne concerne qu'environ 4 % des affaires judiciaires. Mais elle retire au juge d'instruction l'indépendance vis à vis du ministère de la justice. Et qui dit dépendance dit forcément "ne pas parler des choses qui fachent le pouvoir". Autrement dit, Nico s'est mis à l'abri du pouvoir judiciaire. Au cas où...

- Sarko président poursuit la politique de Sarko ministre de l'intérieur. On ne change pas un thème sécuritaire qui gagne. "Tolérance zéro", "nettoyer les banlieues au karcher", "débarrasser de la racaille" : le ministre de l'intérieur, puis le candidat à l'élection présidentielle, a surfé sur la vague de la peur suscitée par la situation dans les banlieues. Nico veut un pays bien propre, débarrassé de tout ce qui fait désordre : les sans-papiers, les clodos, la "racaille" et les voyous (Je ne suis pas pour laisser faire les voyous mais pour punir tous les voyous, y compris la délinquance en col blanc, en fonction des lois et des méthodes de la République )... Et il y met le paquet. Un ministère de l'Immigration flambant neuf est inauguré pour régler le problème de l'immigration en France, thème grâce auquel Nico a réussi à piquer plein d'électeurs au Front national. Ce ministère a mis au point une politique très "humaniste " de quotas. Des quotas pour l'accueil des immigrés, par nationalité et par secteur d'activité, et un quota pour leur expulsion (le plus utilisé). Pour virer les clandestins, le quota a été fixé à 25 000 pour 2008. Même les policiers se sont insurgés sur les quotas de reconduite à la frontière (on sait dans quelles conditions elles se déroulent !). Et pour ceux qui seraient tentés d'aider les sans-papiers, le "délit de solidarité" devrait les faire réfléchir à deux fois.
Les quotas, c'est aussi pour les policiers. Le magazine Auto Plus a publié en mars dernier des notes de service interne de la police dans lesquelles il était demandé aux policiers d'atteindre des objectifs chiffrés en ce qui concerne les PV. Il faut bien remplir les caisses vides ! Et faire des policiers des fonctionnaires bornés sans capacité de discernement pour seller définitivement l'amour de la population pour sa police. D'ailleurs, la police française vient d'être épinglée par l'ONG Amnesty International pour de nombreux abus de pouvoir et autres petites violations des droits de l'homme. Pas très jolie jolie ta police, Nico, depuis ton passage au ministère de l'Intérieur ! Le tout sécuritaire, c'est aussi le fichage des enfants (mise en place par le Ministère de l’Education Nationale d’un fichier national de la jeunesse, enregistrant des données personnelles des enfants, dès l’âge de 3 ans), l'intrusion de flics dans les collèges et lycées...La culture du résultat se mêle au culte de la "tolérance zéro" pour une paix sociale assurée. Enfin, c'est la soupe qu'on nous sert pour justifier des lois de plus en plus liberticides. Comme aux Etats-Unis. Dernière croisade en date de Nico : celle contre les porteurs de cagoules. Il oublie visiblement que de nombreux voyous, et pas les plus petits, portent avec classe le costard-cravate.

Il y a tant à dire sur ce bilan de deux années de pouvoir par un président qui, on ne peut le nier, déchaîne les plus vives passions tant son art et sa manière d'exercer le pouvoir est sujette à caution. Jamais un président ne s'est autant montré, n'a autant communiqué, ne s'est autant mis en avant que Nicolas Sarkozy. Soit-disant par soucis de transparence et de proximité avec le peuple français. L'exercice de la présidence est passée, avec Nico aux commandes, de l'ombre à la lumière... Alors pourquoi une majorité de Français se sent-elle mal à l'aise avec ce nouveau style présidentiel ? Peut-être parce que finallement rien ne change pour les Français, que la France roule toujours à deux vitesses et que ce n'est pas parce qu'on communique beaucoup qu'on communique bien. La surmédiatisation du président, et celle de son couple, ne vont pas dans le bon sens, tant elles occultent les véritables questions de fond. Bref, la rupture, c'est pas pour tout de suite.

mercredi 13 mai 2009

Putain 2 ans ! (quatrième...)

Vus sur Sarkostique, un monument Web élevé à la gloire de Sarko Ier, avec tout son amour...



Merci au talentueux et drôle Bar



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jeudi 7 mai 2009

Un discours bien génant... pour les médias


Rien ne m'y préparait. Je suis tombée des nues lorsque j'ai lu, jusqu'à la dernière ligne, le discours du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, prononcé en avril dernier à Genève lors de la conférence "Durban II" contre le racisme. Les médias occidentaux qui, lorsqu'ils évoquent Ahmadinejad, se consacrent entièrement à sa diabolisation, n'en font décidément qu'à leur tête. Et se payent la notre par la même occasion.

Alors que je n'avais suivi cet épisode que de très loin - quelques infos glanées de-ci de-là -, quelle stupéfaction lorsque je suis tombée par hasard sur ce fameux discours ! Et puis, la stupéfaction a fait place à la colère envers ces professionnels de l'actualité qui ne font pas correctement leur travail et se contentent de se rabâcher les uns les autres sans plus aller à la source. Et ne me répondez pas : "parce qu'ils ne parlent pas le farsi, ni l'anglais"... Que les choses soient claires dès le début : Ahmadinejad est un président autoritaire à la tête d'un gouvernement qui emprisonne les opposants, musèle la presse et accorde peu d'espace aux libertés civiles. Et ses propos négationnistes d'un autre temps font de lui un partenaire diplomatique peu fréquentable et certainement pas un modèle politique. Mais pourquoi faut-il que les médias en rajoutent des tonnes lorsqu'il s'agit de Mahmoud Ahmadinejad - et ce n'est pas nouveau - et déforment sciemment ses propos, surtout lorsqu'ils se rapportent à Israël ? (Non, je n'insinue pas qu'un lobby juif ou sioniste se cache derrière cette mascarade pour la bonne raison que je n'y crois pas.) Pourquoi ont-ils tronqué son discours, et l'ont-ils rapporté de manière biaisée ?

Les journalistes ont-ils vraiment lu ou entendu cette allocution ? (Si la réponse est oui, le cas est grave !) Pourquoi affirmer que le président iranien s'est adonné à des propos antisémites alors qu'il a, en fait, fustigé un régime qu'il estime ne pas être égalitaire envers les citoyens arabes et israéliens ? Et si il estime que cette différence de traitement (Palestinien de Gaza maintenus dans la pauvreté par un blocus économique, construction d'un mur de séparation entre villages arabes et israéliens, entre autres) s'appelle racisme, il n'est pas le seul à le penser. Soit dit en passant, la FIDH (Fédération Internationale des Ligues des droits de l'Homme) a rendu un rapport en juillet 2001 accusant l'Etat hébreu de racisme envers la population arabe d'Israël. Pas une seule fois je n'ai lu dans ce discours un appel à la haine contre les juifs. Oui, Ahmadinejad a de la haine envers l'État d'Israël et ses représentants, qu'il désigne comme "sionistes" (Le fait d'utiliser les mots sioniste ou sionisme fait-il automatiquement de celui qui l'emploie un antisémite ?). Selon lui, les dirigeants israéliens mènent ouvertement une politique raciste, mais participent aussi à un génocide de la population palestinienne. C'est son point de vue, sans doute excessif, mais personne ne peut nier le massacre ni les mauvais traitement subis par les civils palestiniens, l'ONU et de nombreuses ONG ayant déjà rendu de nombreux rapports accablants sur le sujet. D'ailleurs, de nombreux pays du monde réprouvent cette politique mais seuls queques uns ont osé la condamner.

Le plus troublant, en fin de compte, c'est qu' Ahmadinejad ne dit pas grand chose de plus, ni de différent dans ce discours, de ce qui se lit habituellement dans les journaux européens ou américains. Sauf qu'il y vont avec des pincettes. Souvenez-vous, par exemple, du traitement de l'info par les médias internationaux de l'opération militaire menée par Israël cet été dans la bande de Gaza. Très peu de journaux soutenaient cette action militaire qu'ils jugeaient de concert disproportionnée, inefficace et meurtrière. Alors, quel est le but de cette bourde médiatique qui vise à rendre plus minable et terriblement dangereux le président iranien ? N'est-il pas plus dangereux de mettre dans sa bouche des mots ou des phrases mal traduites, mal interprétées ou carrement fausses ?

Même si ce discours est très long, il vaut la peine d'être lu, dans son intégralité. Jugez en par vous même. Le voici :

mercredi 6 mai 2009

Putain 2 ans ! (bis)


http://tropicalboy.canalblog.com

lundi 4 mai 2009

Putain 2 ans !

A l'occasion de l'anniversaire de l'élection de Nicolas Sarkozy au poste suprême de président de la République française, voici un clip qui mérite un coup d'oeil, édité par leclipquidechire.fr. C'est drôle.

mardi 28 avril 2009

L'imbroglio somalien

Le regard de la communauté internationale sur la Somalie vient de changer du tout au tout : ce pays, parmi les plus pauvres de la planète, et en plein chaos - une guerre civile le terrasse depuis 1991 - attire aujourd’hui l’attention de nos grands dirigeants du monde. Pourquoi ? parce que des pirates somaliens prennent en otages des navires commerciaux et réclament des rançons pharamineuses. Des cargos, supertankers, navire marchands, voiliers, thoniers français, japonais, ukrainiens, libanais ou russes ont été attaqués dans le golfe d’Aden, passage privilégié du commerce maritime international par lequel transite 30% du pétrole mondial. Selon l'Organisation maritime internationale (OMI), plus de 120 actes de piraterie ont eu lieu au large des côtes somalienne en 2008.


Non pas que le problème du piratage n’en soit pas un. Il est du devoir de nos dirigeants de protéger les navires qui battent leur pavillon et le personnel qui leur est attaché, au pire en mettant un frein, au mieux un coup d’arrêt aux actes de piraterie dans les eaux territoriales somaliennes. Mais ce qui me gêne dans cette démarche, c’est qu’il a fallu attendre que le commerce international soit menacé, que les intérêts financiers des entreprises ou des ressortissants des pays les plus riches de la planète soient mis en danger, pour qu’enfin la communauté internationale, dixit Ban ki Moon, secrétaire général de l’ONU, décide de « s’attaquer aux causes profondes de la piraterie sur le territoire somalien ». Et ce qui me gêne encore plus, c’est que, à ces causes profondes, on oublie bien évidemment de parler de la surpêche illégale pratiquée par des navires européens et asiatiques dans les eaux somaliennes et du rejet de déchets toxiques, voire nucléaires (!), déversés au large des eaux somaliennes, depuis l'effondrement de l'Etat en 2001.

Un article très intéressant de Johann Hari publié par le Huffington post (traduit et édité sur le site contreinfo.info) émet la thèse que des pêcheurs somaliens, soucieux de protéger leurs ressources maritimes du pillage par des chalutiers étrangers, se sont transformés en pirates, prenant ainsi le relais des gardes-côtes inexistants depuis la chute du régime. C'est en tout cas l'argumentaire brandi par les pirates. Lors d'une interview accordée au New York Times, Sugule Ali, pirate somalien, se justifiait ainsi : "Nous ne nous considérons pas comme des bandits. Les bandits des mers sont ceux qui pêchent illégalement dans nos eaux et ceux qui jettent des détritus polluants. Alors pensez à nous en tant que gardes-côtes qui patrouillent la région".

Depuis des années, certaines organisations internationales comme l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l'ONU, et l'OCDE tirent la sonnette d'alarme au sujet des "braconniers" des mers qui contournent les quotas nationaux en pêchant dans des zones poissonneuses peu fliquées. Au total, selon la FAO, les pêcheurs somaliens auraient perdu plus de 300 millions de dollars de revenus liés à la pêche, la principale ressource d'un des pays les plus pauvres du monde. Un premier rapport de l’ONU en 2006 dénonçait ces pratiques illégales et immorales et de nombreuses résolutions, jamais vraiment appliquées, ont interdit aux bateaux de pêches de s'adonner à leur activité en dehors de leur propre zone. D'autre part, en décembre 2004, la Somalie a été durement touchée par le Tsunami, qui coûta la vie à plus de 300 personnes et eut un impact économique et écologique dévastateur. En outre, le Tsunami déposa sur les plages somaliennes quantité de déchets toxiques, largués en mer en toute impunité par des entreprises occidentales ne voulant pas supporter le coût exorbitant de leur enfouissement ou de leurs retraitement. Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a rendu un rapport inquiétant en mars 2005 : des maladies nouvelles ont fait leur apparition parmi la population locale dont les symptôme font curieusement penser à une contamination chimique ou radioactive. Ainsi, les cancers et les cas de stérilité, entre autres, se sont multipliés. Des propos de l’émissaire de l’ONU en Somalie, Ahmedou Ould Abdallah, recueillis par l'agence de presse Reuters confirment cette version. Pourtant, la convention internationale de Bamako interdit depuis le 31 janvier 1991 toute importation de déchets toxiques en Afrique. L'anarchie ambiante permet aux pollueurs occidentaux, en soudoyant certains chefs de guerre, de continuer leurs petits trafics, sans crainte d'être punis.

Au début du mois d'octobre 2008, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une nouvelle résolution - d'autres de la même teneur la précédaient - invitant les États ayant des navires croisant au large de la Somalie à s'investir pour en finir avec la piraterie. Ces derniers temps, de nombreux navires de guerre (OTAN, Russie, Navy américaine) assurent la sécurité dans le golfe d'Aden (sans toutefois arriver à éviter les actes de pirateries). Pourquoi l'ONU, qui dispose désormais d'une armada de navires de guerre envoyés pour protéger le commerce maritime, n'en profite-t-elle pas pour emmettre une nouvelle résolution qui protègerait par la même occasion les eaux somaliennes de la pêche illégale et du déversement des déchets toxiques et radioactifs ? Sans doute parce qu'elle ne peut pas forcer une patrouille internationale à faire de l'humanitaire, à protéger des intérêts autres que les siens, qui plus est, ne sont pas d'ordre économique...

Certes, le pirate somalien actuel n'est plus un simple garde-côtes. Il est un véritable bandit armé comme un guerrier, coupable de kinadpping et d'extorsion de fonds. Les revenus liés à cette nouvelle activité, devenue extrêmement lucrative, dépasse l'entendement du simple pêcheur qui tirait de la pêche de maigres revenus de subsistance, d'où sa popularité. L'éradication du piratage dans cette zone de l'Afrique de l'Ouest, et partout ailleurs, est une nécessité. Cependant, elle ne doit pas empêcher de mettre les pays européens et asiatiques devant leurs responsabilités. Et elles sont immenses. Ils doivent être traduit en justice pour avoir pendant des dizaines d'années mis en danger les populations africaines au mépris des lois internationales, des lois humaines et celles du bon sens. Jusqu'à preuve du contraire, l'Afrique n'est pas la poubelle de l'Europe. Enfin, peut-être serait-il temps de faire respecter cettte évidence.

L’UMP condamnée pour piratage !

Ce n’est pas une blague de « bon » goût, c’est le comble de l'absurdité. L’UMP, fer de lance de la lutte contre le piratage avec la loi Création et Internet, dite Hadopi, devra payer au groupe de rock américain MGMT, après règlement à l’amiable, 30 000 euros de dommages et intérêts ! Le délit ? L’utilisation du morceau Kids sans autorisation du groupe lors de la Convention nationale de l’UMP, en janvier dernier. Comment appelle-t-on l’utilisation d’une musique sans acquittement des droits d’auteur ? Et c’est là que le bât blesse. Alors que nous nageons dans une polémique à couteaux tirés suscitée par une loi censée protéger les droits d’auteur, le parti majoritaire est surpris la main dans le sac mais en dehors du portefeuille. En matière de donneur de leçon, l’UMP a de sérieux progrès à faire...

lundi 20 avril 2009

Les tribulations d’Areva au Niger

Le 23 juin, Areva et Thierry d'Arbonneau, délégué par son groupe au Niger, comparaîtront devant la XVIIe Chambre du Tribunal correctionnel de Paris. Les plaignants sont les touaregs du Niger, une population habitant traditionnellement dans le nord du Niger où les mines d’uranium sont exploitées depuis les années 70. Areva n'est pas traduite en justice pour les conséquences désastreuses et irréversibles générées par l'exploitation, depuis plus de 40 ans, de l'uranium qui n'est rien d'autre qu'un minerai radioactif extrêmement dangereux pour l'homme et son environnement. AREVA ne répondra pas devant la justice pour la destruction des pâturages, la pollution radioactive de l'eau, de l'air - avec des conséquences néfastes sur la santé comme le cancer, la stérilité - des spoliations territoriales, des déplacements forcés sans indemnisation... Le motif de la plainte des touaregs, épaulés par une ONG allemande de défense des droits de l’Homme est la "provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence".

C'est au cours d'un colloque organisé le 21 octobre 2008 à Paris par le MEDEF, sur le thème "Garantir la sécurité économique", en présence de nombreux chefs d'entreprises, de Michèle ALLIOT-MARIE, ministre de l'Intérieur, que le groupe AREVA et son directeur de la Protection du Patrimoine et des Personnes, Thierry d'Arbonneau, ont invité publiquement le gouvernement français à donner aux autorités nigériennes les moyens militaires "de mater la rébellion des Touaregs". Des populations effectivement très gênantes quant on pense aux investissements que le groupe doit effectuer sur des terres encore habitées ! AREVA vient de remporter des contrats extrêmement juteux à l'étranger - grâce à Nicolas Sarkozy transformé en VRP de luxe pour le compte du groupe -; il lui faut donc augmenter sa production, et ce dans les meilleurs délais. Depuis des années, AREVA négociait avec le Niger le permis d'exploiter un autre gisement très riche en uranium, Imouraren. Elle vient de mettre plus d'un milliard d'euros sur la table pour amadouer le président Mamadou Tandja, qui a pris un malin plaisir ces derniers temps à faire monter les enchères entre les différentes puissances étrangères qui lorgnaient sur ses gisements d'uranium. Le 5 janvier 2009, AREVA obtient enfin le précieux sésame pour ce qui constituera, selon le groupe, "le plus grand projet industriel minier jamais envisagé au Niger". Le pays se placera alors au deuxième rang mondial, avec une production de 5 000 tonnes d'uranium par an.

Tout commence dans les années 70. C'est l'histoire d'une entreprise française spécialisée dans l'énergie nucléaire qui prend un envol inespéré après le choc pétrolier de 1973. La France, économiquement sur les rotules, affirme que l'on ne l'y reprendra plus et décide de produire son électricité à partir du nucléaire, pour garantir son indépendance énergétique. Commence alors une quête à travers le monde de gisements d'uranium, combustible avec lequelle on fait tourner les réacteurs nucléaires. Au Niger, un des pays les plus pauvres du monde, un immense gisement est découvert au nord du pays sur un territoire qu'occupent les touaregs, des populations nomades ou semi-sédentaires, là depuis longtemps. AREVA obtient le feu vert des autorités nigériennes pour exploiter les richesses du sol. Aujourd'hui, deux filière d'AREVA, la Somaïr et la Cominak, exploitent les deux grands gisements du pays et fournissent un tiers des centrales d'EDF. Le Niger est le troisième producteur d'uranium au monde mais sa population est toujours parmi la plus pauvre de la planète. Et, sanitairement parlant, en danger. Force est de constater, un peu naïvement je dois dire, que notre indépendance énergétique se fait au détriment de la survie de la population locale. C'est là qu'intervient le MNJ (Mouvement des Nigériens pour la Justice). Cette milice de touaregs, qui mène une lutte armée contre le gouvernement de Niamey, réclame, entre autres, une plus juste répartition des richesses liées à l'exploitation de l'uranium. Et n'hésite pas à s'en prendre aux compagnies étrangères qui tirent leurs bénéfices de la richesse de leur terre avec la bénédiction du gouvernement, sans que les populations environnantes lésées reçoivent une partie du gâteau. Il faut savoir que le prix de l'uranium a été multiplié par dix depuis 2003 et que le PNB par habitant n'a guère augmenté. Rien n'est vraiment fait par AREVA pour limiter cette catastrophe humaine, écologique et sanitaire. Enfin, pas officiellement. Le discours bien rodé des pontes d'AREVA met l'accent sur le lourd investissement sur place en terme d'emploi et de formation pour que les nomades tirent eux aussi bénéfice des exploitations minières. Ce que nient les touaregs et explique en partie leur lutte. Ils réclament aussi davantage de démocratie, de justice "et que tous les citoyens puissent vivre dans un environnement viable, où les préalables d'un développement durable sont établis".

Les propos tenus par le représentant d'AREVA doivent bien embarrasser le gouvernement français qui s’efforce de diffuser une image qui fait rimer exploitation économique et développement du pays et de sa population. Même si officieusement il ne s'embarrasse guère de ces détails. Nos présidents français successifs ont serré la pogne et fait des affaires avec des hommes politiques coupables de violation des droits de l'homme. Aux côtés d'AREVA coûte que coûte, l'Etat français n'est pas prêt à laisser derrière lui les bénéfices tirés des liens privilégiés avec la "Françafrique". La France a besoin aujourd'hui comme hier des richesses minières que le continent africain recèle, et ce à n'importe quel prix. Et puis la colonisation reste un moment unique et privilégié, un bon souvenir quoi (!), de l'histoire française pour nos gouvernants et les grandes entreprises françaises : l'article IV de la loi du 23 février 2005 a bien tenté il y a peu d'inscrire "le rôle positif" de la colonisation française dans les manuels scolaires, et plus largement dans la mémoire collective. AREVA n'a donc pas de souci à se faire pour l'exploitation de ses gisements en Afrique. Aucun tribunal français ne viendra remettre cela en question. Quand bien même la multinationale serait condamnée pour provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence, qu'est ce qui changera concrètement pour le peuple nigérien ?!

mercredi 15 avril 2009

Quand l'absentéisme des députés revient sur le tapis de l'Hadopi !

Le cuisant revers subi par la majorité la semaine dernière sur la loi Hadopi a mis sérieusement en rogne le secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, Roger Karouchi. Au lieu de se poser la - bonne - question de la mobilisation des députés derrière la - très controversée - loi Hadopi, dont certains députés UMP contestaient publiquement la viabilité et la pertinence, Roger Karouchi a brandi l'absentéisme des députés comme raison à cet échec humiliant. Banco ! Une autruche face au danger n'aurait pas fait autrement. Non pas que l'absentéisme des députés ne soit pas un problème à régler mais il apparaît comme un écran de fumée pour masquer le réel débat sur une loi que beaucoup jugent idiote.

En brandissant la menace d'une sanction financière à l'encontre des déserteurs de l'hémicycle, Karouchi a affolé le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé. Dans un entretien accordé au Figaro, Coppé affirme qu'une sanction financière pour les députés trop souvent absents lors des votes "ne doit rester qu'une mesure extrême". Or, il faut savoir qu'une telle loi existe déjà pour les députés coupables d'absences répétées et non justifiées - l'article 162 du règlement de l'Assemblée - mais elle n'est pas respectée. En bref, Karouchi menace donc de faire appliquer une loi existante largement ignorée et Copé de lui répondre que cela ne doit se faire qu'en dernier recours ! Bonjour la démocratie... Il est vrai, monsieur Copé, qu'une telle mesure serait totalement déplacée dans la mesure où le traitement mensuel actuel d'un parlementaire s'élève à plus de 5 200 euros net et que la sanction financière prévue en cas d'absentéisme impute d' un ou deux tiers son « indemnité de fonction », qui elle-même équivaut à environ un cinquième du traitement. Vous l'avez compris, la sanction financière serait de quelques centaines d'euros ! Mesquineries...

Et pendant ce temps, les pontes de l'UMP noient le poisson Hadopi dans l'eau de la contestation intra muros. Mais Jean-François Copé rassure : "les socialistes retrouveront le 28 avril une majorité UMP totalement mobilisée". Ouf ! Nous qui pensions que certains députés de la majorité avaient quitté l'hémicycle pour ne pas avoir à voter une loi dont ils ne voulaient pas...

mercredi 8 avril 2009

Photo de famille : cherchez l'anomalie


Mais où se cache donc cette anomalie ? Cette photo des couples présidentiels français et américain, a été prise le 3 avril durant le sommet de l'OTAN à Strasbourg et publié sur le site Internet du magazine allemand Der Spiegel.

Pour trouver l'anomalie, regardez au bas de la photo, au niveau des talonnettes de notre président. Eh oui, il est bien sur la pointe des pieds ! Il n'est pas vraiment de bon ton - cela va même à l'encontre de l'éthique du journaliste - de se moquer de l'apparence physique d'une personne puisque, dans l'absolu, elle n'y est pour rien et faire un procès à ses parents pour une tare physique qu'ils vous auraient léguée, relève de la pure fantaisie pré-pubère. Mais je n'ai pas pu résister à l'envie de vous faire partager ce pur moment de franche rigolade. Au delà de la petite taille de Nicolas Sarkozy, déjà moult fois raillée, ridiculisée et caricaturée, c'est de son ridicule dont je me moque.

Se mettre sur la pointe des pieds pour ne pas que les "quelques" centimètres qui vous séparent des trois autres géants de la photo vous décrédibilisent, c'est une chose. Tous ceux qui se plaignent de leur petite taille l'ont déjà tenté, au moins une fois. Mais intelligemment. Pas devant des photographes qui vous mitraillent, qui plus est de plein pied. Comment cet homme, expert es communication et es image, a pu ne pas évaluer le risque d'être pris sur le fait, la main dans le sac, le pied sur la pointe. Être de "taille plus petite" n'est pas une tare, peut-être juste un sujet de moquerie qui lasse et passe avec le temps - bien que chez les Guignols, la raillerie conserve toute sa fraicheur -. Mais se hisser sur ses pieds sur une photo officielle censée saluer le retour de la France dans le commandement de l'OTAN, autrement dit la grandeur de la France, aux côtés du président américain - grand par la taille et par l'importance - et se faire choper (!) est d'un grotesque sans borne. Voilà, maintenant ce bref moment de frustration d'un président qui a toujours rêvé de jouer dans la cour des grands, est immortalisé. Notre président de la République va bientôt devenir la risée du monde entier. Une fois de plus. Alors autant prendre le monde de court et se jeter dans "l'autodérision". Le Canard Enchaîné l'a fait, en Une de l'édition de ce matin.

Big Brother : ça va arriver près de chez vous !


[FR] HADOPI : Big Brother is coming to get you ! from yenda+germainpinpin on Vimeo.

1998. Le club Internet réalise un clip vidéo visionnaire sur l’autodafé d’Internet : « Ceux qui ont brulé les livres voudront peut-être bruler aussi l’Internet car nous en avons fait l’outil de la liberté et de la culture ».
2009. La vidéo est reprise pour dénoncer la loi Création et Internet dite Hadopi. Aux images cataclysmiques de la destruction des ordinateurs ont été ajoutés en sous-titrage les articles liberticides de l'Hadopi.
Pour tous ceux qui ont du mal à saisir les enjeux d'une telle loi aux multiples ramifications, cette vidéo d'une minute est une brillante synthèse.

lundi 6 avril 2009

"banquiers et traders : virez-les tous"

Un coup de gueule comme celui de l'économiste Michel Godet sur le plateau de C dans l'air sur France 5, fait du bien. Je dirais même fait un bien fou ! D'abord parce qu'il ne mâche pas ses mots : son discours a le mérite d'être franc et direct. Les banquiers et leurs traders ont fait gonfler de façon irresponsable la bulle financière virtuelle - 1 000 milliards de dollars - parce que cela leur permettait de mettre directement dans leur poche 10 % de cette somme - quant à elle bien réelle. Et ceci en toute légalité. Michel Godet dénonce leur cupidité qui, si il reste aux mêmes postes, les amènera de nouveau à se refaire une santé économique. "On ne garde pas les pédophiles à la tête d’une colonie de vacances. Pour les banquiers, c’est la même", assène-t-il en utilisant un raccourci certes grossier mais très parlant. Il faut faire "le nettoyage" à la tête des banques en diligentant des enquêtes sur les comptes pour dénicher ceux qui les ont inondés de créances pourries. Et virer les coupables.
Une fois lancé, on ne l'arrête plus. Les paradis fiscaux ne sont pas les seuls fautifs de la crise. Et pour cause : quid de l'inégalité de la concurrence fiscale ? Vous savez, ces pays qui offrent une fiscalité avantageuse à nos hommes d'affaires, nos sportifs et autres artistes. A ces français de nationalité mais au porte-feuille en exil qui échappent à leur devoir de citoyens en refusant de redistribuer une partie de leur richesse...
A écouter absolument jusqu'au bout.

TF1 prise en flagrant délit de mensonge

Un arrangement avec les faits mis en scène par la chaîne publique du groupe de Martin Bouygues – autre ami intime de notre président – a failli passé inaperçu. Mais c’est sans compter sur le site Arrêt sur images qui a révélé la supercherie. Cela se passe le jeudi 2 avril à l’Assemblée nationale, où un débat sur la loi Création et Internet, qui déchaîne les passions sur le Net, a mobilisé plus de 41 heures les députés. Vers 22h45, alors que l’hémicycle est quasiment désert, le secrétaire d’Etat Roger Karouchi décide qu’il faut passer immédiatement au vote de la loi. Certains députés protestent tant le vote d’une loi aussi controversée par si peu de députés est insensé. En vain. La loi est adoptée par une dizaine de députés. Une hérésie pour une démocratie. Or, pour illustrer le vote de la nouvelle loi - qui fait grincer pas mal de dents, il faut dire - TF1 dans un reportage diffusé dans le journal de 20 h du vendredi 3 avril, choisit des images d’une assemblée bien remplie (on se demande même où elle est allée les chercher tant l’assiduité des députés est sujet à caution…) Et hop ! Sauf que voilà, Internet est un formidable outil de communication, d’informations et donc de veille citoyenne. Et vlan, TF1 est prise la main dans le sac. Ce n’est pas la première, et vu les états de service déontologiques de la chaîne, ces pratiques ont de beaux jours devant elles. 

vendredi 3 avril 2009

Méfiez vous de la police !

Quel pays "tolère" de sa police les passages à tabac, les injures à caractère raciste et l’usage abusif de la force en classant sans suite, dans la majorité des cas, les plaintes déposées contre elle avant même qu'elles arrivent au tribunal ? Quel gouvernement ferme les yeux lorsque ses forces chargées du maintien de l'ordre recourent régulièrement à toutes formes de discrimination, utilisent abusivement l'outrage à agent et prennent toutes sortes de libertés avec les droits humains... Si je vous dit que ce pays n'est ni une dictature, ni une théocratie, ni une république bananière. Difficile ?! Un indice : ce pays est une démocratie occidentale, qui depuis le XVIIIe siècle, est le symbole des droits de l'Homme, du moins se définit-il comme tel. Vous n'y êtes toujours pas ? Liberté, égalité, fraternité ? C'est bien de la France dont il s'agit... Aussi surprenant que cela puisse paraître.

L'impunité de la police française est dans la ligne de mire du rapport à charge qu'a publié le 2 avril Amnesty international. Intitulé France. Des policiers au-dessus des lois, ce rapport constate de manière accablante de nombreuses violations flagrantes des droits humains – souvent contre des minorités ethniques – pour lesquelles ils sont rarement traduits en justice. L'ONG avait déjà, dans un rapport paru en 2005, rendu compte de cette inacceptable impunité. La France a même été condamnée par la Cour Européenne des Droits de l'Homme - quelle honte quand même, vous y pensez ! - suite à l'affaire Pascal Taïs. Souvenez-vous, ce jeune franco-marocain de 33 ans décédé dans une cellule de dégrisement dans un commissariat à Arcachon (Gironde). Cette affaire jugée plusieurs fois en France, entre 1996 et 2003, avait aboutie à plusieurs non-lieux. En 2006, la Cour européenne a estimé que la France avait violé l’article 2 (droit à la vie) de la Convention européenne des droits de l’homme en ce qui concerne ce décès mais également en raison de "l’absence d’enquête effective menée sur les circonstances l'ayant entouré". Une enquête bâclée, des témoignages passés à la trappe, des contradictions sérieuses, le tout soutenu par le gouvernement français de l'époque. Dans son arrêt, la justice européenne a également demandé à la France qu'elle donne à ses fonctionnaires de police des instructions précises sur l'utilisation des méthodes de contrôle. Autrement dit, qu'elle exige de ses policiers qu'ils y aillent mollo. Le passage à tabac n'est pas digne d'une république qui a signé toutes les conventions existantes relatives au respect des droits de l'homme. Cela va sans dire, mais cela va mieux en le disant. Et il faut apparemment encore le répéter.

Et le répéter encore et encore. La preuve : la situation par rapport à 2005 se serait même dégradée selon David Diaz-Jogeix, directeur adjoint du département Europe d'Amnesty. A qui la faute ? Les fonctionnaires de police ont une part de responsabilité énorme dans ce type de comportement. Ils sont les garants de notre sécurité et du respect de nos droits et de nos libertés. Mais ceux sont aussi des hommes, ou des femmes, qui évoluent dans un climat de stress permanent et sont confrontés chaque jour à l'agressivité, voire même au danger devant lequel leurs devoirs les placent. La haine de l'autre surgit lorsqu'il met l'individu en danger et porte atteinte à son intégrité. Et de la haine à la violence, il n'y a qu'un pas, facile à franchir. Si, en plus l'impunité leur est accordée, le faux pas est tout proche, inévitablement. Impunité. Le mot est lâché. C'est un uppercut direct qui vise le gouvernement. Voyez l'attitude de MAM, notre ministre de l'Intérieur, qui court aussi vite qu'elle peut sur les lieux du "crime" dès qu'une bavure est annoncée, pour défendre devant les caméras l'innocence de ses fonctionnaires, avant même qu'une enquête ait été ordonnée. Irresponsable attitude qui contribue largement à la décrédibilisation de la police et constitue un blanc-seing pour les policiers peu versés dans la retenue. Affaire classée. D'après les informations limitées qu'Amnesty International a pu obtenir, sur 663 plaintes examinées par l'organe d'inspection de la police en 2005, seulement 16 ont conduit à la radiation des agents concernés. En 2006, seules huit allégations de violence sur 639 ont abouti à une telle sanction ! On reconnaît un type de régime à sa police.

jeudi 2 avril 2009

" Permis de violer "

En Afghanistan, un homme peut désormais "légalement" violer sa femme. Fin mars, le président Hamid Karzaï aurait donné son feu vert pour l'adoption par l'assemblée afghane, la loya jirga, d'une loi interdisant à la femme chiite hazara - communauté représentant 20 % de la population afghane - de travailler, de sortir, ou d'aller chez le médecin sans la permission de son mari. Cette loi rétrograde et barbare l'oblige également à satisfaire les assauts sexuels de son époux. Dans les faits, ce sont des pratiques largement répandues depuis l'arrivée des talibans au pouvoir il y a plus de 25 ans. La "chute" de ces fondamentalistes religieux en 2001 a été saluée par la communauté internationale comme une avancée pour les droits de l'Homme, mais surtout pour les droits de la femme. Or, le gouvernement pro-occidental de Karzaï n'a rien changé à l'effroyable condition des femmes. Elles n'ont toujours ni droit ni dignité, et ce sont toujours leurs silhouettes-fantômes drapées de bleue qui arpentent les rues du pays, quand elles y sont autorisées.

Les droits de la femmes afghane ne valent donc pas tripette. Pourtant, l'Afghanistan est le premier pays musulman à avoir ratifié la Convention pour l'élimination de toute forme de discrimination contre les femmes. Et la nouvelle constitution afghane, votée en 2004, proclame l'égalité des sexes. Or, la constitution précise aussi que le droit coutumier l'emporte sur le droit constitutionnel ! Autrement dit, puisque c'est la coutume, les femmes restent subordonnées à l'homme et à ses désirs, sans jouïr d'aucun droit, comme avant. Selon un rapport de l'ONU sur le développement humain en Afghanistan de 2007, l'espérance de vie d'une femme est de 42 ans, 60 à 80 % des mariages sont des unions forcées ou précoces, et la violence exercée quotidiennement envers les femmes "atteint des proportions épidémiques". Selon la Commission afghane indépendante des droits de la personne, le désespoir des femmes subissant ces violences a amené plus de 180 d'entre elles à s'immoler par le feu et plus de 200 à se suicider.

Que font l'ONU, l'OTAN, les Etats-Unis - cet éternel combattant pour la liberté et la démocratie (!) - et l'Union européenne pendant que le fondamentalisme religieux regagne du terrain ? Comment une loi si méprisante et humiliante pour la femme, peut-elle être votée sept ans après l'entrée en guerre des forces internationales coalisées contre le terrorisme et l'obscurantisme. A quoi cela aura-t-il servi d'avoir renversé un modèle de société, aussi imparfait soit-il, si celui que les armées occidentales contribuent à bâtir chaque jour aux côtés des Afghans bafoue, nie, ou est incapable de protéger les droits les plus élémentaires de l'individu. La guerre en Afghanistan nous a été vendue comme le combat contre la barbarie des Talibans. Un combat que 7 années de guerre, 70 000 soldats et des milliards investis n'ont pas réussi à remporter... Les Talibans ne sont plus au pouvoir mais la relève a été assurée.

vendredi 27 mars 2009

L'Eglise persiste et signe

L'Église part en croisade contre un nouvel ennemi juré : le préservatif. Ce suppôt de satan présenté comme la solution contre le mal, le SIDA, est en fait le mal lui-même. Le pape Benoit XVI l'a assuré la semaine dernière, l'évêque d'Orléans, André Fort, le confirme aujourd'hui : "Vous le savez très bien, tous les scientifiques le savent : la taille du virus du sida est infiniment plus fine que celle d'un spermatozoïde". Le préservatif n'est donc pas fiable à 100% et André Fort, éminence grise apparemment spécialiste de la question (!), ajoute : "On met maintenant sur les boîtes de cigarettes : 'danger'. On devrait mettre sur les boîtes de préservatifs : 'fiabilité incomplète'". Lorsqu'on lui demande d'où il tient ces informations, il assure les avoir compulsés dans une revue scientifique, qu'il est incapable de nommer. La communauté scientifique monte au créneau et jure sur ses grands dieux que les propos de l'évêque constituent une contrevérité. Le préservatif, souffre-douleur de l'Église, retrouve ses lettres de noblesse. Il reste le seul moyen de lutter contre la transmission du virus. Point. Que l'Église s'occupe de ses affaires, à savoir la morale chrétienne et la foi et qu'elle laisse les scientifiques faire leur travail.

lundi 23 mars 2009

G lu ... "Allah n’est pas obligé" d'Ahmadou Kourouma

Le narrateur de ce roman est un enfant de 12 ans, Birahima, jeune abidjanais de la tribu des Malinké (musulmans), qui décide de raconter son incroyable histoire, celle d’un orphelin devenu enfant-soldat entre le Libéria et la Sierra Léone, tout en jetant sur la société africaine un regard d’une lucidité absolue et d’une pertinence digne des grands Sages. Car se détache de ce récit l’autopsie d’un continent à la dérive, enchaîné à ses coutumes, ses superstitions, ses clivages religieux, ses guerres fratricides et tribales, ses luttes de pouvoir, ses violences aveugles qui touchent tous les africains, surtout les plus démunis. C’est aussi le regard de ce jeune musulman qu’est Birahima qui est le plus poignant, à savoir cette résignation dans le malheur puisque « Allah n’est pas obligé d’être juste dans toutes ses choses ». L’auteur manie l’ironie avec brio.

Plusieurs thèmes reviennent en boomerang dans ce récit. D'abord le drame de la mort de la mère de Birahima imputée à un mauvais sort révèle et accuse le poids des croyances et des superstitions qui pèsent sur le développement de l'Afrique. La sorcellerie, le refus de la médecine blanche, ou le fétichisme profondément ancrés dans les mentalités et les pratiques culturelles tentent d'expliquer l’inexplicable. Pour juguler le mauvais sort, il est décidé par la famille que l'enfant sera envoyé loin du village, au Libéria voisin, et pour le voyage, il est remis entre les mains d'un marabout « multiplicateur de billet », Yacouba. Ce charlantan qui espère s’adonner plus tranquillement à son escroquerie dans le Libéria en guerre, fait miroiter à Birahima un destin en or d’enfant-soldat pour le persuader de le suivre. Débute alors une longue marche pour Birahima et Yacouba à travers l'Afrique de l'Ouest en guerre.

La guerre rythme le récit de d' horreurs lancinantes. Le Libéria où ils arrivent est un pays dont le territoire, les hommes et la fortune ont été partagés entre quatre grands bandits qui luttent pour le pouvoir : Doe, Taylor, Johnson et Koroma. Charles Taylor, formé au terrorisme et armé par des dictateurs africains alors qu'il était recherché au Libéria, son pays natal, rentra au pays pour récupérer le pouvoir par la force. Depuis, il y sème la terreur. Le Prince Johnson est un catholique illuminé qui a pris les armes au nom de Dieu et combattu tous les chefs de guerre qui voulaient prendre le pouvoir politique, même démocratiquement. Un jour, il se rendit au quartier général de l’ECOMOG, force de maintien de la paix africaine, pour y kidnapper Doe venu parler d’une paix éventuelle. Puis il le tortura et le découpa en petits morceaux. Après s’être séparé de Taylor, le Prince Johnson fonde une faction rivale du NPLF : désormais, c’est à lui qu’incombe de trouver aux soldats les moyens de subsister. Pour trouver des fonds, il se lance alors dans des opérations de raquets, d'assauts de villes minières, de kidnapping et de massacres de civils travaillant pour des compagnies étrangères, sensibles à la vie de leurs employers et donc très généreuses... La guerre produit un nombre illimité de chefs qui s'associent entre eux puis/ou s'entre-tuent au grès des intérêts du moment. Il en va de même pour les soldats qui passent d'un chef à un autres selon les conditions de vie qui leur sont promises. Le colonel Papa Le Bon, représentant du NPLF[1] dont Charles Taylor est le leader, est l'un d'entre eux. Le village de Zorzor, fief de Papa le Bon où Birahima vit sa première expérience d'enfant-soldat, constitue une sorte d’Etat dans l’Etat avec son administration, son camp de réfugiés, son arsenal, ses prisons, son temple et ses casernements d’enfants–soldats qui y assurent la sécurité dans des conditions difficiles.

L'enfant-soldat est une des pires tragédies de l'Afrique d'aujourd'hui. Les enfants rejoignent l'armée après une tragédie, souvent familiale, parce qu'ils cherchent une famille mais surtout le moyen de survivre. Birahima devient l'un d'entre eux d'abord parce que l'enfant-soldat jouït d'une image dorée - nourriture à profusion, chaussures, radio - et surtout, grâce à sa kalachnikov, il s'assure de ne plus être une victime. Au fil du récit, la réalité apparaît toute autre. Les enfants-soldats vivent dans des conditions précaires, sont soumis à la barbarie autant que les autres et sont envoyés en tête des combats, drogués pour leur donner courage et sentiment d'invincibilité.
La guerre est une source immense de profits pour les leaders africains, les chefs de guerre et les soldats. Les guerres soit disant tribales sont le moteur de l’économie du pays et permettent aux guerriers d'améliorer leurs conditions de vie. Dirigés par des bandits, les soldats se paient en massacrant la population pour lui voler ses biens et les revendre à prix dérisoires. Les commerçants, attirés par l’idée de réaliser de gros bénéfices en achetant à bas prix, affluent vers les zones en guerre. Mais les étrangers en profitent largement aussi. C'est ce que découvrent Yacouba et Birahima dans la ville de Sanniquellie, dirigée par la sœur de Doe, Onika Baclay. La ville, très riche en ressources minières (or et diamants) est exploitée par des patrons associés étrangers qui exploitent sans scrupule les orpailleurs. Les quartiers de ces commerçants sont surveillés par les enfants-soldats armés jusqu'aux dents. Une nuit alors qu'une attaque menée par Onika pour récupérer des otages est lancée en dehors de la ville, le NPLF, profitant de l’absence de toute autorité à Sanniquellie, investi la ville et ses exploitations minières, laissant sur la paille la famille Baclay. La possession de richesses minières est un enjeu de taille dans cette guerre.
Puis c'est l'arrivée de Birahima en Sierra Leone, pays instable depuis son accession à l’indépendance en 1961. Miné par la corruption générée par les richesses minières, le pays connaît coups d’Etat sur coups d’Etat. En 1995, Foday Sankoh, fondateur du RUF[2], soutenu par Taylor, s’empare de Mile-thirty-eight, une ville riche en minerais d’une valeur stratégique inestimable. Le gouvernement en place, appauvri, décide la tenue d’élections libres en espérant que la démocratie lui rende le pouvoir. Mais Sankoh ne veut pas s'y plier et se lance dans une ignoble campagne d’amputation de mains : « pas de bras, pas d’élection ». Pressé par le dictateur Houphouët-Boigny, Sankoh signe un cessez-le-feu. En mars 1997, Kabbah est élu à la présidence du pays mais Sankoh refuse de le reconnaître. La communauté internationale décide que Sankoh doit être nommé vice-président de la République et reste maître de Mile-Thirty-Eight pour mettre fin à la guerre tribale.
Luttes intestines entre le président et son second, prise de contrôle de villes stratégiques pour s'assurer le pouvoir. Mais aussi drames des "riens du tout" coincés au milieu des conflits entre chefs de guerre. L'Afrique est victime de ses propres richesses et de la politique de ceux qui les convoitent. Ceux qui fuient les conflits sont parqués dans des camps où débarquent Birahima et Yacouba. Leur mode de fonctionnement est montré du doigt : le chef du camp trompe les ONG en gardant de force les réfugiés, bénéficiaires de l'aide internationale qu’il détourne au profit de ses soldats. Pour convaincre les ONG de leur confier ces aides, il recourt au chantage en menaçant de laisser mourir les réfugiés de faim et de maladie. C’est dans ces circonstances que la tante Mahan, que Birahima devait retrouver, a trouvé la mort. Elle symbolise la tragédie des réfugiés, otages de chefaillons et continuellement en fuite pour éviter les affres de la guerre. L'aventure de Birahima s'arrête donc là.

Un livre complet sur les origines des conflits en Afrique de l'Ouest et leurs enjeux. Un livre d'une valeur inestimable puisqu'à la tragédie personnelle de l'enfant se joint de concert le drame national des pays en guerre. Seul un enfant pris dans les mailles étroites de la guerre pouvait en révéler toute l'absurdité.

[1] Front National Patriotique du Libéria
[2] Front Révolutionnaire Uni

vendredi 20 mars 2009

Petites médisances entre amis


Entre 2 et 3 millions de personnes ont manifesté à travers la France ce jeudi 19 mars, le mouvement de contestation étant accompagné d'une grève interprofessionnelle. Une mobilisation exceptionnelle qui réunissait des français de tout âge et de tout horizon mus par une même exaspération de la politique du gouvernement. Et la crise n'a pas toujours à y voir là dedans. Il y a ceux qui viennent pour sauver l'hôpital public, ceux qui veulent sauver leur emploi, ceux qui croient encore que l'enseignement public a un avenir, ceux qui ont des convictions de gauche et ceux qui sont simplement solidaires. Une manière d'appeler à l'aide le gouvernement et de le pousser à ré-agir.
Et que fait le président pendant ce temps là ? Il parade à Bruxelles où il assiste à un conseil européen en vue du prochain G20 qui aura lieu les 3 et 4 avril prochains. Un rendez-vous apparemment immanquable, bien plus important que d'être là lorsque le peuple fait entendre sa voix de manière à être écouté et entendu. La preuve : cette superbe photo des leaders européens sur laquelle Angela Merkel s'appuie amicalement sur l'épaule de notre président visiblement ravi. Tout un symbole. Le prix du mépris [pour son peuple] sans doute.
(Photo Reuters pour le JDD)

Paris Match vient d'être condamné pour avoir publié en Février des photos de Ségolène Royal au bras de celui qui a était présenté par le magazine comme son nouveau petit ami. Ce n'est pas tant cette décision qui est regrettable car elle ne fait que protéger le droit à l'image et le respect de la vie privée mais l'argumentaire de l'ex-candidate aux présidentielles, qui est le comble de la mauvaise foi. "Ce ne serait pas dommage si on me laissait un peu tranquille", a-t-elle conclu. Sa surmédiatisation depuis quelques années, aussi bien politique qu'intime, n'est rien d'autre que le fruit d'une parfaite connivence avec les médias. "Ségo au Chili", "Ségo à Gandranges", "la famille de Ségo", "Ségo aux Antilles", "Ségo...", épisodes à répétitions d'une médiatisation bien profitable pour la "victime". Que serait Ségolène Royal aujourd'hui et surtout quelle visibilité aurait-elle si les médias la laissaient tranquille ? N'oublions pas qu'elle n'est pas - c'est à se demander d'ailleurs si elle est courant - secrétaire du Parti socialiste et que seuls les militants qui lui sont fidèles suivent son actualité.
Déposons nos stylos, caméras et autres appareils photo aux pieds de Ségo : verra bien qui craquera le premier.


Souvenez-vous d'une de ces multiples mesures prise par le gouvernement en 2008 qui consistait à faire supporter aux mutuelles et assurances complémentaires le poids d'une réduction des dépenses de santé pour diminuer le déficit de la Sécu. Il était hors de question pour le gouvernement de faire payer les assurés puisque Supersarko était bel et bien le président du pouvoir d'achat. D'ailleurs Eric Woerth, notre ministre du budget, avait fait une déclaration persuasive dans ce sens : "Nous demandons aux organismes complémentaires de ne pas augmenter leurs cotisations". Si ce n'est pas persuasif ça !
Quelle surprise de constater sur mon relevé de compte que ma mutuelle a augmenté ses tarifs de plus de trois euros, soit 8% d'un coup d'un seul. Madame Bachelot, nous sommes dans une économie de type néo-libérale, pensiez-vous réellement que les mutuelles accepteraient de rogner leurs gros bénéfices pour les beaux yeux de la France ? Ou c'était une manière de faire passer en douce une mesure anti pouvoir d'achat, très impopulaire et carrément foutage de gueule après l'instauration des franchises médicales et du déremboursement de beaucoup de médicaments ? [Question naïve je sais !].

jeudi 19 mars 2009

Benoit XVI, un homme dangereux

A croire qu'il ne peut pas s'en empêcher. Benoit XVI a encore tenu des propos incendiaires aussitôt controversés. C'est peu dire tant ils sont de nature irresponsable et dangereuse. Affirmer que la distribution du préservatif aggrave le problème du sida relève de la propagande catholique mais aussi du crime contre l'humanité.

Depuis les années 80, plus de 25 millions de personnes sont décédées de la maladie du SIDA dont 2,5 millions pour 2008. Aujourd'hui encore, plus de 33 millions de personnes sont affectées par ce virus dont 22 millions rien qu'en Afrique subsaharienne (67 % environ). Et la pandémie continue son macabre chemin. L'inflexibilité du pape sur les moyens de prévenir la maladie - le préservatif - démontre à elle seule le décalage entre une institution fondée sur des principes archaïques et les pratiques de notre époque.

L'Église prône la fidélité et l'abstinence sexuelle pour lutter contre le fléau du VIH. C'est sûrement efficace, on ne peut en douter, mais complètement utopique. L'homme est un être de passions mu par des instincts sexuels inhérents à sa condition d'humain dont la société ne le culpabilise plus. Au XXIe siècle, les individus se marient très tard, le plaisir n'est plus tabou et la liberté sexuelle est intrinsèquement liée à l'épanouissement personnel. Il faut dire qu'avoir des rapports sexuels dans l'unique but de procréer est aujourd'hui une "hérésie" sociale ! Et puis c''est oublier un peu vite que c'est souvent le seul "plaisir" qu'il reste aux populations les plus démunies. Bref, sur ce sujet là, la société a fait de grandes avancées mais l'Église n'a pas suivi. Enfin, seulement ses plus hauts dignitaires puisque dans la pratique, les curés sensés condamner les rapports sexuels hors mariage, acceptent de bénir des unions pour lesquelles il est évident que le passage à l'acte sexuel a déjà été franchi. Cette vaste hypocrisie de la part de nos grands hommes d'Eglise porterait à sourire si ce n'est qu'aujourd'hui cette farce peut coûter la vie de milliers de personnes. Remettre en cause l'efficacité du préservatif comme moyen de lutte contre la pandémie, c'est envoyer à l'abattoir des milliers de personnes qui s'en remettent à Dieu parce qu'elles n'ont pas les moyens de se payer des soins adaptés. De telles affirmations dans la bouche d'un pape, ont quasiment valeur de dogme pour des millions de personnes, ce qui pourrait anéantir les progrès faits sur place par les ONG pour informer et sensibiliser les populations les plus démunies d'Afrique, ou d'ailleurs. Pour Médecins du monde «ce sont des années de travail qui sont remises en cause et surtout ce sont des millions de personnes qui risquent d'être contaminées à cause de ces déclarations». Oui, le pape est un homme dangereux.

Certes, la distribution du préservatif n'est pas la solution au problème du SIDA mais c'est la plus efficace aujourd'hui. Seule la science résoudra l'énigme du SIDA. Il est temps que l'Eglise pour être en accord avec ses fidèles de moins en moins fidèles fasse un peu plus corps avec son temps. Après l'avancée de jean-paul II dans la compréhension, pas toujours aboutie mais comportant de sérieux progrès, on assiste à un néfaste et regrettable recul avec Benoit XVI.


Dessin : L'actu en patates : http://vidberg.blog.lemonde.fr/

mercredi 11 mars 2009

G lu.... "La malédiction d'Edgar" de Marc Dugain

.... Ou Edgar, une malédiction pour l'Amérique

A l'origine de ce livre, un manuscrit dont personne ne voulait, écrit par Clyde Tolson, numéro deux du FBI et amant de Hoover. Trop d'imprécisions et manque d'authenticité pour les uns, des incohérences historiques pour les autres. Mais surtout un document dangereux puisque les assassins des frères Kennedy y sont clairement désignés. Pour Marc Dugain, qui ignora ces détails, ce manuscrit a autant d'intérêt faux que vrai dans la mesure où il révèle une volonté d'impulser un sens à la vérité. Il est temps pour l'auteur de demander des comptes à l'Histoire.


Les confessions de Clyde Tolson, aux côtés d'Edgar de 1932 jusqu'à 1972, sont passionnantes à plus d'un titre : d'abord parce qu'elles nous entraînent dans les coulisses du pouvoir où John Edgar Hoover officia comme directeur du FBI pendant plus de 48 ans. Déjà en place lorsque Franklin D. Roosevelt fut élu à la présidence des Etats-Unis, Hoover a pendant toute la durée de son long mandat épié, à l'encontre des lois démocratiques du pays, tous ceux qui jouaient ou seraient amenés à jouer un rôle influent dans les hautes sphères du pouvoir. Mais aussi tous ceux qu'il jugeait, de manière arbitraire, subversifs : syndicats, mafieux, artistes... Tous sans exception, y compris les présidents en exercice, furent mis sur écoute jusque dans leur chambre à coucher. Aucun n'échappa à l'étroite surveillance de celui qui s'érigeait comme le garant de la morale.

Ensuite, ce documentaire fiction est un bijou du genre car il nous immerge dans l'esprit torturé, névrotique, égocentrique et paranoïaque de celui qui pouvait se targuer de défaire un président ou de nuire à sa réélection. Du haut de son piédestal, J. Edgar Hoover, ce virtuose de la manipulation, cet incorrigible intrigant était persuadé qu'il était le seul à même de diriger le FBI et ainsi de protéger l'Amérique de ces déviances. En réalité, il ne faisait que protéger ses arrières. Sa longue croisade contre le communisme, dans laquelle il a totalement investi le FBI, a été menée au détriment de la lutte contre un fléau plus nuisible encore : la mafia. Son anticommunisme lui a en fait servi de diversion pour protéger la mafia qui détenait des photos compromettantes sur lesquelles, à moitié nu, Hoover échangeait un baiser avec Clyde Tolson. Ces photos du directeur du FBI, une des personnes les plus influentes du pays, avec son second - dans une posture tendancieuse à une époque où toute révélation d'homosexualité anéantissait une carrière - constituèrent un moyen de pression inestimable qui assura à la mafia une immense tranquillité, du moins de la part de la police fédérale. Cet incorrigible opportuniste ne concevait pas faire autre chose que diriger le FBI et était prêt à tout pour rester le maître. Cet accord "tacite" a tissé des liens indéfectibles entre Hoover et les mobsters qui conditionnèrent de ce fait la politique intérieure américaine...

Mais encore, les révélations de Clyde Tolson sur les membres de la dynastie Kennedy, de son ascension jusqu'à sa "chute" en 1968 avec l'assassinat de Robert, consacre la démystification de cette famille dont l'aura est encore aujourd'hui intacte. Les dossiers de Hoover, récupérés par Tolson à sa mort, révélèrent que le père, Joe Kennedy que Hoover méprisait, avait fait fortune pendant la prohibition et la grande dépression, qu'il était sympathisant nazi à ses heures, coureur de jupons invétéré - gène qu'il transmit à ses fils - et qu'il rêvait de porter son fils aîné à la fonction suprême. La mort de ce dernier au cours de la guerre n'a pas freiné son ambition tenace qu'il a reporté sur second fils, John, dénué de toute ambition politique, et atteint de deux maladies incurables, la maladie d'Addisson et l'hypersexualité. Forcé par son père au mariage avec Jacqueline Bouvier pour des questions d'ordre moral et politique, le jeune sénateur réussit à se faire élire à la Maison Blanche en 1960 en grande partie grâce à l'argent de son père et à l'intervention de la mafia. Cette même mafia qui ne lui pardonna jamais la croisade que son frère Bob, nouveau ministre de la justice, lança pour court-circuiter le patron du FBI. Se sentant menacé dans ses fonctions en raison de son laxisme notoire à l'égard de la pègre, Hoover garda pour lui les menaces d'assassinats qui pesaient sur le président, puis sur son frère.

Enfin, ce manuscrit révèle les complots qui ont abouti à l'assassinat de JFK à Dallas le 22 novembre 1963, puis à celui de Robert Kennedy cinq ans plus tard. Selon Tolson qui avoue avoir mené une enquête officieuse à la demande de Hoover après l'attentat, le vice-président de Kennedy, Lindon B. Johnson, aurait commandité cet assassinat pour le compte des pétroliers texans. Ces derniers, inquiets par la lourde politique fiscale qui devait s'abattre sur leurs bénéfices, auraient exigé de Lyndon Johnson, qu'ils rinçaient généreusement depuis des années, qu'il régla le problème. D'autant plus qu'un scandale était sur le point d'exploser : Robert Kennedy avait monté un solide dossier sur l'implication du vice-président dans un détournement de fonds publics de plusieurs millions de dollars destinés aux subventions agricoles au Texas [l'unique témoin fut d'ailleurs assassiné]. Hoover, quant à lui, ne leva pas le petit doigt parce qu'il détestait les Kennedy et partageait le point de vue de ces pétro-texans qui l'avaient suffisamment arrosé, faisant de lui un homme quelque peu fortuné. Et puis Lyndon était un vieil ami d'Edgar : c'est lui qui, avant l'élection de Kennedy, a fait passer au Sénat une disposition qui assurait au directeur du FBI une retraite sans diminution de revenus. Seraient également mêlés à ce complot des membres de la mafia que l'acharnement du ministre de la justice mettait dans l'embarras et des membres de la CIA rejoints par des anticastristes déçus par le manque de réactivité de Kennedy après l'opération ratée de la baie des Cochons. L'excellente enquête du journaliste William Reymond, Le dernier témoin, arrive aux mêmes conclusions. Toujours selon Tolson, le meurtre de Bob relèverait de la même logique.

Quelles sont les libertés prises par Clyde Tolson puis par Marc Dugain avec la vérité historique ? Nous ne le saurons probablement jamais ou pas encore du moins. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que le patron du FBI resta indétrônable - seule sa mort le 2 mai 1972 mit fin à ce "consulat à vie" - car il tenait par les couilles tous les hommes politiques de l'époque. Aucun des présidents qui se sont succédés n'a pu se débarrasser de ce passif maître chanteur qui gardait religieusement des dossiers bien étoffés. Quand on pense qu'il était "l'oreille de Moscou", comment le complot a-t-il pu passer à travers les mailles étroites de la surveillance qu'il avait lui-même imposée ? Il savait, c'est sûr. Et pourquoi s'est-il lancé tête baissée dans "la chasse aux sorcières", alimentant la haine démesurée de MacCarthy et consoeurs, tout en délaissant le combat contre le crime organisé ? L'affaire de la photo est donc tout à fait crédible et ses liens avec la mafia avérés.
En ce qui concerne le "régicide", des dizaines de théories du complots ont fleuri ces dernières années sans toutefois qu'une vérité soit arrêtée. Si la conspiration existe bel et bien, l'enquête du procureur de la Nouvelle-Orléans Jim Garrison l'a largement prouvée, l'histoire officielle a toujours des doutes sur les instigateurs.
Eh bien "A qui profite le crime ? ".
A beaucoup de monde certes. Mais en tout cas, la mort de John Kennedy a bien arrangé les affaires de Lyndon B. Johnson. Primo, sa première mesure de président fut d'abandonner le projet de loi visant à abolir les avantages fiscaux des groupes pétroliers. Secondo, le 27 septembre 1964, la commission Warren désignée par LBJ et chargée d'enquêter sur l'assassinat de Kennedy, a rendu des conclusions inacceptables, à savoir que Lee Harvey Oswald a agit seul. Tercio, des bruits de couloir à la Maison Blanche indiquaient l'intention de Kennedy de remplacer Johnson lors de la campagne électorale de 1964 en raison de son implication dans quatre enquêtes criminelles. Ces mêmes quatre enquêtes qui furent classées une fois Johnson président. L'histoire nous dira à quel degré les révélations de Clyde Tolson se sont arrangées avec la vérité.