jeudi 26 février 2009

Encore de petites médisances entre amis

Le Vatican sur Youtube !

Depuis son arrivée au Vatican, Benoit XVI multiplie les bourdes : il conseille à ses dignitaires la messe en latin, prononce un discours offensant pour la communauté musulmane, et réintégre dans le giron catholique des évêques intégristes. Pour ne citer que cela. Peut-être pour faire oublier ces dernières péripéties, mais surtout pour redorer son blason et rajeunir l'image de l'Eglise, le Vatican se lance dans une stratégie de comm' très « djeuns » en créant sa télé sur Youtube. Messes en latin, interviews de cardinaux, procession de Paques ou autres discours papals sont à portée de clics. Surfant sur l'ère numérique, Vatican 2.0 part ainsi à la conquête du web afin de ratisser un jeune public éloigné des contraintes de la religion. Le pape espère enrayer la baisse constante de fréquentation des églises en faisant du web une terre de mission. Après Youtube, à quand « l' Eglise académie » ?

samedi 14 février 2009

Petites médisances entre amis

« Le monde selon K » de Pierre Péan est une enquête à charge contre notre ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qu’il accuse de « conflits d’intérêts ». Le French docteur avait déjà remisé ses convictions au placard pour un portefeuille ministériel prestigieux. Aurait-il également troqué son sac de riz contre un sac de blé ?

« Il y a des choses que je n’entends pas », a déclaré à la presse le sélectionneur de l’équipe de France, Raymond Domenech, à propos des « Domenech démission !» scandés par les spectateurs du stade Vélodrome à Marseille où les joueurs de l’équipe de France se sont inclinés 0-2 devant l’Argentine. Monsieur Domenech doit probablement souffrir de la même surdité que Monsieur Sarkozy qui, lui non plus, n'entendait pas ou n'écoutait pas la colère de la rue. Pourtant, au prix d'un recul grotesque, le président français a dû revenir sur ses dires, le bruit de la rue étant devenu assourdissant. Monsieur Domenech, l'art de l'ignorance est un exercice bien difficile à mettre entre des mains expertes au risque d'y perdre son âme - et sa place. Cela Nicolas Sarkozy l'a bien compris.

Enfin, la carlabruni-sarkozysation de la politique est en cours. Aux Etats-Unis la première dame, vêtue d’une robe haute couture, pose en couverture de l’illustre magazine Vogue. Alors que son président de mari tente par tous les moyens de moraliser la politique en cette période de grand trouble économique, Michèle Obama se laisse porter par les charmes indécents et inappropriés du « bling-bling », à l’heure où l’Amérique réclame de ces dirigeants de la réserve. Ce qui ne va pas sans rappeler les premiers faux pas du nouveau couple présidentiel français. On connaît la suite.

lundi 9 février 2009

Incroyable Tunisie !



Au-delà des clichés tenaces véhiculés par le tourisme de masse, la Tunisie, cette destination de rêve à bon marché possède bien d’autres ressources. Et pas forcément sur la voie tracée par les circuits touristiques.

La Tunisie est devenue ces dernières années une destination très en vogue pour les européens à la recherche à moindres coûts de paysages de carte postale et d’hôtels offrant un relatif sens du luxe. C’est dans cet esprit que les lieux phares de ce pays, Djerba et Hammamet, ont développé une politique d’urbanisation effrénée et incohérente afin de satisfaire les exigences accrues d’un tourisme bas de gamme. Au-delà des paysages sablonneux où la Méditerranée décline ces plus beaux tons de bleu azuré, la manne économique inespérée tirée du tourisme a largement contribué à la dénaturation d’un site et d’une culture exceptionnelle. Pour faire corps avec l’essence même de cette culture, il suffit de dépasser ces zones hôtelières formatées et, comme on dit dans notre jargon, « voir du pays ».



SIDI BOU SAID OU L’APPEL A LA POESIE

A une vingtaine de kilomètres au nord-est de sa capitale, la Tunisie offre son plus beau joyau architectural : le village médiéval de Sidi Bou Said. Touristique mais non moins authentique, Sidi Bou Said est un site protégé, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ici point de station balnéaire, ni d’hôtel grand luxe, ni même de loisirs pour touriste en quête de plaisir : l’intérêt de Sidi Bou Said réside dans le pittoresque de son âme. Niché sur une falaise qui domine la vieille ville romaine de Carthage et le golfe de Tunis, ce site exceptionnel est un paradis aux couleurs de la Méditerranée. Les murs peints à la chaux dévoilent un contraste saisissant avec le bleu turquoise des portes, des fenêtres et des moucharabiehs que les grappes de bougainvilliers viennent recouvrir de leurs fleurs violacées et rosées, tout en exhalant leurs senteurs inoubliables. Les rues piétonnes, étroites et pavées qui grimpent sur les flancs de la colline sont une invitation à la flânerie et à la découverte de l’architecture arabo-andalouse. En bout de course, elles offrent une vue imprenable sur le port de la ville, ses plages et sur le luxuriant palais du président - dictateur Ben Ali. Une étape à ne manquer sous aucun prétexte.


SUR LA ROUTE DU SUD TUNISIEN

La Tunisie est un pays de contrastes et de diversités naturelles. Encore faut-il faire du hors piste. L’idéal est de parcourir, par ses propres moyens, le sud tunisien en 4x4 muni d’une bonne carte routière et d’un guide pour ne rater aucun des sites historiques qui jalonnent la route vers les déserts. Et il y en beaucoup. A partir du nord de la Tunisie, la route qui mène au sud longe la côte où se trouvent les principales villes de Tunisie. Tout d’abord la ville de Sousse, « perle du Sahel » fondée au IXe siècle av J.C. La vieille médina et sa forteresse datant du IXe que surplombe la casbah ainsi que sa grande mosquée sont des bijoux de l’architecture arabo-musulmane. Plus bas, à l’est, se dresse Monastir où a été construit le mausolée de Bourguiba, père de la nation tunisienne, magnifique tombeau serti de deux minarets. Mais encore El Jem et son amphithéâtre construit au IIIe siècle après JC, vestige de la présence multiséculaire d’une brillante civilisation romaine. La route elle-même vaut le chemin : des oliveraies s’étirent à perte de vue de part et d’autre de la voie, seule preuve visible d’une activité humaine dans les alentours. Ici et là, un paysan longe la route, une femme voilée traîne un enfant par le bras mais la contrée est quasiment déserte. Sur des centaines de kilomètres, seules quelques rares habitations, souvent précaires, se dressent au loin. Les ¾ des Tunisiens habitent les régions côtières et vivent du tourisme. Pour les autres, il reste l’agriculture et l’élevage d’ovins. Et la vente sauvage d’essence. Des centaines de petites baraques où se vendent des bidons d'essence dans les conditions les plus précaires bordent la route qui s'enfonce profondément dans le sud. Dans ces régions agricoles, la pauvreté est grande et le chômage touche parfois 30 % de la population. C'est pourquoi l’Etat tolère la contrebande et la vente d’essence en provenance de la Libye voisine où le prix de l’or noir est dix fois moins cher.


Au merveilleux spectacle offert par les champs d’oliviers succède la traversée de villages en ruine, ou en construction, difficile de faire la différence, où il n’y a ni eau courante ni électricité. Les enfants pieds nus jouent devant leur maison et saluent chaque voiture qui passe. Des enfants au sourire chaleureux. Non loin, quelques moutons paissent tranquillement une herbe rare, au beau milieu des ordures. Et toujours le dôme d’une mosquée en vue. Les photos les plus singulières sont à portée de clic, portant loin le regard sur la Tunisie et ses habitants, à mille lieux des clichés classiques et triviaux du touriste lambda.


LES TROIS DESERTS

La terre de Tunisie possède cette originalité incroyable de cumuler sur ces espaces les trois déserts: de pierres, de sable et de sel. La traversée du désert de pierres, le reg, dans la région de Matmata est un enchantement. L’aridité du climat et la végétation steppique donne un air quasi lunaire à ce paysage singulier. Aussi, de part et d'autre de l'horizon surgissent des palmeraies verdoyantes, petit poumon économique du sud du pays. Au coeur de ces oasis naturelles et artificielles sont cultivés les palmiers-dattiers, principale ressource agricole du sud du pays. De petites villes sommaires ont vu le jour à leurs côtés grâce aux promesses d'emploi qu'elles charriaient. Une effervescence particulière règne dans ces oasis qu'il ne faut manquer de visiter sous aucun prétexte. Les sentiers tracés par les guides touristiques sont cependant à éviter : les cascades de la région de Chebika, frontalière de l'Algérie, sont des pièges à touristes tendus par les voyagistes en étroite collaboration avec la population locale. Un spectacle médiocre et désolant essentiellement à cause de la concentration de touristes et aux harcelements continus des vendeurs ambulants. Et le site du tournage de Stars War est une arnaque monumentale. Seule reste sur pied une construction troglodyte, sorte de maison témoin. Amateurs du film, abstenez-vous : la déception sera au rendez-vous.

Les habitants qui vivent sur les pourtours du désert de pierre ont creusé leurs maisons dans la roche pour se protéger de la chaleur. Un travail titanesque de creusement et de déblaiement qui accueuillera toute la famille. Dans cette habitation, on ne parle pas de pièces mais de cavités, ni de fenêtres mais d'ouvertures et il n'y a aucune commodité. Ces maisons dites troglodytes constituent une curiosité locale qu'il est possible de visiter moyennant quelques dinars, ce qui représente une source de revenus inespérée pour ces population très pauvres.

Les déserts de sel sont de vastes étendues de lacs séchés où quelques larges flaques ont persisté. Le lever du soleil au bord de ce désert est un moment magique : alors que le soleil pointe ses premières couleurs au-delà de la ligne d'horizon, l'astre de lumière surgit et monte à une vitesse impressionante, presque perceptible à l'oeil nu. Il est temps de repartir, le Sahara attend.


Plus loin, le Sahara, ce desert de sable qui couvre 40 % du pays, est de loin un des endroits les plus magiques et paisibles du voyage. Des kilomètres et un horizon de sable que soulève par petites touches le vent du désert. Les touaregs emmaillotés dans des turbans qui ne laissent apparaître que leurs yeux, traînent avec flegme leur dromadaire. La ballade dans le Sahara sur le dos d'un tel animal est du plus total dépaysement. On pense même se promener dans le temps, des siècles en arrière, tant le contraste avec nos villes et notre mode de vie ultra-moderne et sophistiqué est saisissant.

L'intérêt d'un voyage en Tunisie, ou vers toute destination ultra-touristique, est de se rendre partout là où le tourisme ne s’aventure pas afin de porter un autre regard sur un pays que les agences de tourisme méconnaissent ou ignorent volontairement. C'est en sortant des sentiers battus que se révèle à nos yeux toute l'authenticité d'un pays.

mercredi 4 février 2009

Billet d'humeur : Autopsie d'une crise annoncée

Pour pallier la baisse de la consommation nationale induite par les évènements anxiogènes du 11/09, les banquiers américains décidèrent -fait inédit- de prêter aux pauvres, c'est à dire aux clients insolvables. Il faut dire qu'Alan Greenspan, président de la Fed, leur a fourni le plus convaincant des arguments en portant le taux d'intérêt à 1% ! Ils disposaient donc d'une réserve d'argent inespérée, peu coûteuse et abondante. Mais le "subprime" étant un emprunt très risqué, les génies de la finance ont usé de tours de passe-passe en créant des titres obligataires à l'intérieur desquels ils ont glissé quelques subprimes à côté de créances peu risquées. Et comble de chance, ces titres se sont avérés être extrêmement rentables entraînant de ce fait une course effrénée vers le profit... et la spéculation. Les as de la finance redoublaient d'ingéniosité en créant toutes sortes de produits financiers plus ou moins opaques à mesure que leur cupidité s'intensifiait. Bref, sur la planète finance tous les habitants se sont copieusement enrichis jusqu'à l'indécence.

Mais au cours du deuxième semestre 2006 éclata la crise des "subprimes"aux Etats-Unis. La chute de l'immobilier due à un déficit de paiements - les pauvres étranglés par des intérêts faramineux se sont vus saisir leur bien immobilier - conjuguée à une crise de défiance des banques entre elles entraînèrent par effet de dominos tous les secteurs de la finance. Pendant l'été 2007 les marchés boursiers internationaux s'effondrèrent : en voulant spéculer sur le dos de la misère, le monde de la finance s'est retrouvé sur les fesses. Face à l'ampleur de la crise qui menaçait de mettre économiquement à genoux les pays touchés, les Etats ont dû intervenir en injectant des millions pour recapitaliser les banques, voire même les nationaliser. Et cela avec l'argent des contribuables. Certes, aucun état ne pouvait prendre le risque de sa propre faillite et le renflouement des banques était une priorité. Aux Etats-Unis, le plan du secrétaire du Trésor, Henry Paulson, prévoyait d'injecter plus de 700 milliards de dollards dans l'économie, et ce sur deux ans, soit un plan de sauvetage de 1 400 milliards de dollards. En Europe, même si les chiffres n'atteignent pas des sommets aussi vertigineux, les Etats ne sont pas en reste. A cette hauteur, il est désormais difficile de se représenter les sommes que les gouvernements de la planête ont décidé d'allouer à des institutions financières sur le point de les acculer à la banqueroute. Mais voilà, que va-t'il se passer maintenant ? Les banques vont-elles une fois la crise jugulée se remettre à flamber ? Quelles mesures les gouvernements ont-ils prises pour réguler un marché financier jugé opaque et fou ? "Plus jamais ça" doit être désormais leur leitmotiv.

Or que lit-on dans la presse ? Nicolas Sarkozy aurait prété de l'argent aux banques sans condition. Petite paranthèse: Laurence Parisot, patronne du Medef, a déclaré qu'il n'était pas question que l'Etat mette son nez dans les affaires des banques, libéralisme oblige. En bref, l'Etat doit se cantonner à un rôle de préteur sans gage ni garantie. Circulez monsieur le bienfaiteur, il n'y a plus rien à voir. Insensé. Entre l'Economique et le politique, qui dirige?
Prêt sans condition, donc. Mais voilà qu'on apprend via Les Echos que les trois plus grandes banques françaises devraient dégager pour l'année 2008 plus de 9 milliards d'euros de bénéfices, dont une large partie reviendrait aux actionnaires. Oui, aux actionnaires! Et fait d'autant plus troublant que l'Etat est sur le point de leur prêter une nouvelle fois 10,5 milliards d'euros. En contrepartie, l'Etat n'a exigé, une fois de plus, aucune condition à l'octroi de ces prêts. Et encore mieux : alors que ces aides financières sont inscrites dans un plan visant à relancer l'investissement, les banques ne sont pas tenues d'utiliser cet argent sous forme de prêts aux entreprises ou aux particuliers. La France de Nicolas Sarkozy marche sur la tête. Et ce n'est qu'un début. Les entreprises du CAC 40, dont les profits ont légèrement baissé en 2008, annoncent une distribution de dividendes à leurs actionnaires, soit des milliards d'euros si on les cumule. Alors qu'elles ont également reçu des aides publiques. Ce qui ne les empêche pas de licencier massivement et de délocaliser leur production ou celle de leurs filiales. Pour éviter une telle hémorragie, le chef de l'Etat a recemment annoncé la suppression de la taxe professionnelle en 2010. Un cadeau de plus aux patrons qui la réclament depuis sa création. La crise a bon dos, elle est même une aubaine pour certains. Mais pas pour tout le monde : les chiffres du chômage s'enflamment et les perspectives d'emploi sont moroses. Quelles mesures le gouvernement a-t-il donc prises pour enrayer la vague de licenciements qui s'abat sur la France avec une violence inouie?
N. Sarkozy a défendu le recours au CDD : mieux vaut un travail précaire en temps de crise que pas de travail du tout. Maigre lot de consolation pour les chômeurs. En France, les 6 ou 7 millions de travailleurs précaires sont des travailleurs pauvres. Le président français a par ailleurs évoqué l'accéleration des réformes structurelles liées à la fusion de l'ANPE et l'UNEDIC. En quoi est-ce une mesure destinée à sauver directement des emplois ? Puis il a annoncé qu'il poursuivra le train des réformes engagées, à savoir la suppression de milliers de fonctionnaires. Pourquoi, par exemple, ne pas obliger les banques ou les entreprises bénéficiaires à utiliser leurs profits pour recapitaliser ou sauver des emplois au lieu des les verser aux actionnaires. Et d'interdire ces versements aux entreprises qui délocalisent ou licencient ? Parce que ces mesures sont impopulaires auprès des détenteurs des richesses de notre pays. La morale de l'histoire : aux patrons les aides ou les exonérations en tout genre, aux travailleurs le chômage ou la précarité. En d'autres termes, rien n'est trop beau pour les patrons, tout coûte trop cher pour les autres.

Pourtant, les deux principaux chantres du capitalisme, Etats-Unis et Royaume-Uni, n'ont pas hésité à prendre des mesures antilibérales dans cette période de crise exceptionnelle. Gordon Brown, le Premier ministre britannique, certes de gauche, a instauré une baisse de la TVA de deux points et demi, interdit aux banques de distribuer des dividendes aux actionnaires et récemment le gouvernement travailliste s'est attaqué aux bonus des banquiers. Quant au nouveau président des Etats-Unis, il s'est publiquement indigné contre les institutions de Wall Street qui auraient distribuées 18,4 milliards de dollars de prime à ses employés. De telles rétributions sont selon lui "le comble de l'irresponsabilité". Barak Obama veut inaugurer une nouvelle manière de gouverner en moralisant la politique. Vaste programme mais noble cause si il s'y tient. Il entend légiférer pour plafonner les salaires des patrons ayant reçu des aides de l'Etat. Et appelle les subventionnés de Wall Street à faire désormais preuve de retenue, de discipline et davantage de sens des responsabilités. En espérant que cet appel fasse l'objet d'une loi, sans quoi il ressemblerait à l'immoral code de bonne conduite conconcté par le Medef. Et en espérant également que ce ne soit pas juste un effet d'annonce, cher à notre omniprésident.

Une fois n'est pas coutume d'espérer que notre président français prenne exemple sur le président américain ou sur le premier ministre britannique, pour gérer de manière plus humaine et plus morale la crise en cours.