lundi 28 septembre 2009

Délit de banderole

"Danger. Destruction du climat en vue". Ce message "éco-alarmiste" inscrit sur une immense banderole de 25 mètres sur 10 et accrochée à un pont de la ville américaine de Pittsburgh est à l'origine de l'arrestation de quatorze militants de l'organisation écologiste Greenpeace. Selon une porte-parole de la police, ces activistes "ont été inculpés de possession d'objets en vue de commettre un délit, de trouble de l'ordre public, de conspiration et d'obstruction". Cette simple banderole n'aurait pas constitué un objet de délits si elle n'avait pas été déployée à l'occasion du sommet du G 20 qui s'est tenu à Pittsburgh du 24 au 25 septembre derniers !

Une seule banderole peut-elle être coupable de toutes ces charges alors que, dans tout pays démocratique, le droit de manifester est un droit inaliénable, inscrit en toutes lettres dans les diverses constitutions ? Il est évident qu'en théorie, ou plus précisément en matière de droit humain et citoyen, la réponse est non. Dans la pratique, les différents gouvernements ont élaboré des tours de passe-passe législatifs pour contourner le respect des droits les plus élémentaires.

Parce que voilà, la réunion annuelle des 20 pays "rois du monde" est un événement de la plus haute importance qui ne souffre ni grippage, ni contestation car se négocie entre les élites politiques et économiques du monde le sort de milliards de personnes. Et ces mêmes personnes ne sont pas autorisées à manifester, car ce droit constitue de manière intrinsèque un véritable contre-pouvoir. Comment des pays démocratiques, comme la France ou les Etats-Unis peuvent-ils faire croire à leurs populations qu'elles décident de leur propre destin par le biais des élections, du référendum ou du droit de manifester et leur interdire de s'exprimer alors que leur sort, comme celui de la planète, est en train d'être scellé pour les années à venir ?

Moralité:les élections sont un remarquable artifice politique qui consiste à faire miroiter qu'une démocratie est, selon les mots d'Abraham Lincoln, "le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple" alors que concrètement .... une seule banderole peut envoyer des citoyens militants en prison.

1 commentaire:

Sophistication a dit…

Bonjour,

Est-il besoin de rappeler que la notion même du débat démocratique, c'est très justement de s'accorder sur le principe qu'elle consacre la possibilité pour chaque citoyen de s'exprimer dans des limites préétablies par la loi; limites auxquelles chacun a d'ailleurs souscrit ad hoc à l'acquisition de sa majorité légale. Ces délimitations de l'espace légal des débats, implantées dans le but de conserver un semblant d'ordre et de respect mutuel, doivent être respectées. Et cela, que l'on soit Monsieur Dupond ou Greenpeace !

Oser pointer du doigt comme une injustice le fait que des délinquants s'approprient un espace de débat qui n'en est pas un pour exprimer leurs idées, lors même que les Etats-Unis, réputés pour leur défense acharnée de la liberté d'expression, vont jusqu'à tolérer que des néo-nazis s'expriment en public; c'est se moquer du monde ! Si Greenpeace souhaite se faire entendre, qu'ils emploient, comme chaque citoyen digne de ce nom, les outils que la démocratie leur offre, plutôt que de s'octroyer le privilège de placarder une affiche sur un pont dont ils ne sont aucunement propriétaires.