Pour pallier la baisse de la consommation nationale induite par les évènements anxiogènes du 11/09, les banquiers américains décidèrent -fait inédit- de prêter aux pauvres, c'est à dire aux clients insolvables. Il faut dire qu'Alan Greenspan, président de la Fed, leur a fourni le plus convaincant des arguments en portant le taux d'intérêt à 1% ! Ils disposaient donc d'une réserve d'argent inespérée, peu coûteuse et abondante. Mais le "subprime" étant un emprunt très risqué, les génies de la finance ont usé de tours de passe-passe en créant des titres obligataires à l'intérieur desquels ils ont glissé quelques subprimes à côté de créances peu risquées. Et comble de chance, ces titres se sont avérés être extrêmement rentables entraînant de ce fait une course effrénée vers le profit... et la spéculation. Les as de la finance redoublaient d'ingéniosité en créant toutes sortes de produits financiers plus ou moins opaques à mesure que leur cupidité s'intensifiait. Bref, sur la planète finance tous les habitants se sont copieusement enrichis jusqu'à l'indécence.
Mais au cours du deuxième semestre 2006 éclata la crise des "subprimes"aux Etats-Unis. La chute de l'immobilier due à un déficit de paiements - les pauvres étranglés par des intérêts faramineux se sont vus saisir leur bien immobilier - conjuguée à une crise de défiance des banques entre elles entraînèrent par effet de dominos tous les secteurs de la finance. Pendant l'été 2007 les marchés boursiers internationaux s'effondrèrent : en voulant spéculer sur le dos de la misère, le monde de la finance s'est retrouvé sur les fesses. Face à l'ampleur de la crise qui menaçait de mettre économiquement à genoux les pays touchés, les Etats ont dû intervenir en injectant des millions pour recapitaliser les banques, voire même les nationaliser. Et cela avec l'argent des contribuables. Certes, aucun état ne pouvait prendre le risque de sa propre faillite et le renflouement des banques était une priorité. Aux Etats-Unis, le plan du secrétaire du Trésor, Henry Paulson, prévoyait d'injecter plus de 700 milliards de dollards dans l'économie, et ce sur deux ans, soit un plan de sauvetage de 1 400 milliards de dollards. En Europe, même si les chiffres n'atteignent pas des sommets aussi vertigineux, les Etats ne sont pas en reste. A cette hauteur, il est désormais difficile de se représenter les sommes que les gouvernements de la planête ont décidé d'allouer à des institutions financières sur le point de les acculer à la banqueroute. Mais voilà, que va-t'il se passer maintenant ? Les banques vont-elles une fois la crise jugulée se remettre à flamber ? Quelles mesures les gouvernements ont-ils prises pour réguler un marché financier jugé opaque et fou ? "Plus jamais ça" doit être désormais leur leitmotiv.
Pourtant, les deux principaux chantres du capitalisme, Etats-Unis et Royaume-Uni, n'ont pas hésité à prendre des mesures antilibérales dans cette période de crise exceptionnelle. Gordon Brown, le Premier ministre britannique, certes de gauche, a instauré une baisse de la TVA de deux points et demi, interdit aux banques de distribuer des dividendes aux actionnaires et récemment le gouvernement travailliste s'est attaqué aux bonus des banquiers. Quant au nouveau président des Etats-Unis, il s'est publiquement indigné contre les institutions de Wall Street qui auraient distribuées 18,4 milliards de dollars de prime à ses employés. De telles rétributions sont selon lui "le comble de l'irresponsabilité". Barak Obama veut inaugurer une nouvelle manière de gouverner en moralisant la politique. Vaste programme mais noble cause si il s'y tient. Il entend légiférer pour plafonner les salaires des patrons ayant reçu des aides de l'Etat. Et appelle les subventionnés de Wall Street à faire désormais preuve de retenue, de discipline et davantage de sens des responsabilités. En espérant que cet appel fasse l'objet d'une loi, sans quoi il ressemblerait à l'immoral code de bonne conduite conconcté par le Medef. Et en espérant également que ce ne soit pas juste un effet d'annonce, cher à notre omniprésident.
Une fois n'est pas coutume d'espérer que notre président français prenne exemple sur le président américain ou sur le premier ministre britannique, pour gérer de manière plus humaine et plus morale la crise en cours.
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