jeudi 2 avril 2009

" Permis de violer "

En Afghanistan, un homme peut désormais "légalement" violer sa femme. Fin mars, le président Hamid Karzaï aurait donné son feu vert pour l'adoption par l'assemblée afghane, la loya jirga, d'une loi interdisant à la femme chiite hazara - communauté représentant 20 % de la population afghane - de travailler, de sortir, ou d'aller chez le médecin sans la permission de son mari. Cette loi rétrograde et barbare l'oblige également à satisfaire les assauts sexuels de son époux. Dans les faits, ce sont des pratiques largement répandues depuis l'arrivée des talibans au pouvoir il y a plus de 25 ans. La "chute" de ces fondamentalistes religieux en 2001 a été saluée par la communauté internationale comme une avancée pour les droits de l'Homme, mais surtout pour les droits de la femme. Or, le gouvernement pro-occidental de Karzaï n'a rien changé à l'effroyable condition des femmes. Elles n'ont toujours ni droit ni dignité, et ce sont toujours leurs silhouettes-fantômes drapées de bleue qui arpentent les rues du pays, quand elles y sont autorisées.

Les droits de la femmes afghane ne valent donc pas tripette. Pourtant, l'Afghanistan est le premier pays musulman à avoir ratifié la Convention pour l'élimination de toute forme de discrimination contre les femmes. Et la nouvelle constitution afghane, votée en 2004, proclame l'égalité des sexes. Or, la constitution précise aussi que le droit coutumier l'emporte sur le droit constitutionnel ! Autrement dit, puisque c'est la coutume, les femmes restent subordonnées à l'homme et à ses désirs, sans jouïr d'aucun droit, comme avant. Selon un rapport de l'ONU sur le développement humain en Afghanistan de 2007, l'espérance de vie d'une femme est de 42 ans, 60 à 80 % des mariages sont des unions forcées ou précoces, et la violence exercée quotidiennement envers les femmes "atteint des proportions épidémiques". Selon la Commission afghane indépendante des droits de la personne, le désespoir des femmes subissant ces violences a amené plus de 180 d'entre elles à s'immoler par le feu et plus de 200 à se suicider.

Que font l'ONU, l'OTAN, les Etats-Unis - cet éternel combattant pour la liberté et la démocratie (!) - et l'Union européenne pendant que le fondamentalisme religieux regagne du terrain ? Comment une loi si méprisante et humiliante pour la femme, peut-elle être votée sept ans après l'entrée en guerre des forces internationales coalisées contre le terrorisme et l'obscurantisme. A quoi cela aura-t-il servi d'avoir renversé un modèle de société, aussi imparfait soit-il, si celui que les armées occidentales contribuent à bâtir chaque jour aux côtés des Afghans bafoue, nie, ou est incapable de protéger les droits les plus élémentaires de l'individu. La guerre en Afghanistan nous a été vendue comme le combat contre la barbarie des Talibans. Un combat que 7 années de guerre, 70 000 soldats et des milliards investis n'ont pas réussi à remporter... Les Talibans ne sont plus au pouvoir mais la relève a été assurée.

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