jeudi 19 mars 2009

Benoit XVI, un homme dangereux

A croire qu'il ne peut pas s'en empêcher. Benoit XVI a encore tenu des propos incendiaires aussitôt controversés. C'est peu dire tant ils sont de nature irresponsable et dangereuse. Affirmer que la distribution du préservatif aggrave le problème du sida relève de la propagande catholique mais aussi du crime contre l'humanité.

Depuis les années 80, plus de 25 millions de personnes sont décédées de la maladie du SIDA dont 2,5 millions pour 2008. Aujourd'hui encore, plus de 33 millions de personnes sont affectées par ce virus dont 22 millions rien qu'en Afrique subsaharienne (67 % environ). Et la pandémie continue son macabre chemin. L'inflexibilité du pape sur les moyens de prévenir la maladie - le préservatif - démontre à elle seule le décalage entre une institution fondée sur des principes archaïques et les pratiques de notre époque.

L'Église prône la fidélité et l'abstinence sexuelle pour lutter contre le fléau du VIH. C'est sûrement efficace, on ne peut en douter, mais complètement utopique. L'homme est un être de passions mu par des instincts sexuels inhérents à sa condition d'humain dont la société ne le culpabilise plus. Au XXIe siècle, les individus se marient très tard, le plaisir n'est plus tabou et la liberté sexuelle est intrinsèquement liée à l'épanouissement personnel. Il faut dire qu'avoir des rapports sexuels dans l'unique but de procréer est aujourd'hui une "hérésie" sociale ! Et puis c''est oublier un peu vite que c'est souvent le seul "plaisir" qu'il reste aux populations les plus démunies. Bref, sur ce sujet là, la société a fait de grandes avancées mais l'Église n'a pas suivi. Enfin, seulement ses plus hauts dignitaires puisque dans la pratique, les curés sensés condamner les rapports sexuels hors mariage, acceptent de bénir des unions pour lesquelles il est évident que le passage à l'acte sexuel a déjà été franchi. Cette vaste hypocrisie de la part de nos grands hommes d'Eglise porterait à sourire si ce n'est qu'aujourd'hui cette farce peut coûter la vie de milliers de personnes. Remettre en cause l'efficacité du préservatif comme moyen de lutte contre la pandémie, c'est envoyer à l'abattoir des milliers de personnes qui s'en remettent à Dieu parce qu'elles n'ont pas les moyens de se payer des soins adaptés. De telles affirmations dans la bouche d'un pape, ont quasiment valeur de dogme pour des millions de personnes, ce qui pourrait anéantir les progrès faits sur place par les ONG pour informer et sensibiliser les populations les plus démunies d'Afrique, ou d'ailleurs. Pour Médecins du monde «ce sont des années de travail qui sont remises en cause et surtout ce sont des millions de personnes qui risquent d'être contaminées à cause de ces déclarations». Oui, le pape est un homme dangereux.

Certes, la distribution du préservatif n'est pas la solution au problème du SIDA mais c'est la plus efficace aujourd'hui. Seule la science résoudra l'énigme du SIDA. Il est temps que l'Eglise pour être en accord avec ses fidèles de moins en moins fidèles fasse un peu plus corps avec son temps. Après l'avancée de jean-paul II dans la compréhension, pas toujours aboutie mais comportant de sérieux progrès, on assiste à un néfaste et regrettable recul avec Benoit XVI.


Dessin : L'actu en patates : http://vidberg.blog.lemonde.fr/

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